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Benjamin Zimmer : « Les Ehpad sont globalement innovants » Non classé

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ZimmerLe Directeur de la Silver valley, association implantée à Ivry-sur-Seine (94) et dédiée à l’essor de la silver économie, explique en quoi elle est une structure sur laquelle les établissements peuvent s’appuyer à l’aune des défis qu’ils doivent relever.

 

Quels bénéfices les Ehpad peuvent-ils tirer de vos missions et prestations ?

B. J. : Si nous ne leur apportions aucune valeur ajoutée, je ne pense pas que Colisée Patrimoine Group, Groupe SOS, Korian ou des collectivités gestionnaires d’Ehpad seraient membres de la Silver valley. Tout d’abord, nous partageons des idées et des réflexions dans le cadre de rencontres et de conférences mais aussi de la production d’études par des groupes de travail, le tout afin de faire émerger de nouvelles idées et des services chez les uns et les autres. Par ailleurs, en terme d’expertise, nous aidons les groupes d’établissements à identifier les innovations qu’ils pourraient intégrer dans le cahier des charges de leurs Ehpad, en France mais aussi à l’étranger. Plus en amont, nous offrons les conditions pour que des études d’usages ou de besoins puissent être réalisées quand il s’agit d’identifier des solutions afin de pallier des situations d’inconfort, d’insécurité ou de manque dans des maisons de retraite. Et ce, pour qu’ensuite, les entreprises mettent en œuvre nos préconisations. Enfin, en ce qui concerne les centrales d’achat, nous travaillons avec elles à deux niveaux : d’abord en tant qu’experts pour déterminer si les produits qu’elles proposent sont utiles, innovants et industrialisables, en clair, s’ils apportent de la valeur ajoutée à ceux qui les utilisent ; ensuite, en leur apportant des solutions pour qu’elles soient encore plus efficaces dans leur politique.

 

Auditez-vous les Ehpad ?

B. J. : Non parce que ce n’est pas notre rôle dans la mesure où nous ne sommes pas une structure de conseil. Nous sommes davantage dans la maîtrise d’ouvrage et la formalisation d’appels à projets par les établissements. Nous sommes spécialisés dans le management de l’innovation et le développement commercial. Nos interlocuteurs sont en général des groupes d’Ehpad qui nous sollicitent pour l’ensemble de leurs établissements.

 

Les Ehpad sont-ils globalement innovants ?

B. J. : Oui même s’il y a bien sûr plusieurs types d’Ehpad. Le public fait avec moins de moyens financiers que le privé et est peut-être plus innovant pour ce qui est des services proposés et de l’optimisation des ressources humaines. Le privé, lui, est dans l’ensemble plus innovant quand il s’agit d’intégrer la technologie afin d’être encore plus performant en terme de qualité. Il y a véritablement une logique de compétition, c’est une logique de marché. En somme, chacun fait avec son identité, ses moyens et ses contraintes mais tous font preuve d’une égale volonté d’innovation.

 

Quels sont les grands champs de l’innovation qui vont s’imposer demain aux Ehpad ?

B. J. : Les Ehpad deviennent des lieux de plus en plus médicalisés avec des résidents confrontés à des problématiques de plus en plus lourdes alors que les ressources humaines sont de moins en moins nombreuses. Il faut donc faire en sorte que la technologie supplée au maximum l’activité des personnels tout en optimisant la prise en charge. Pour, cela il s’agit de développer des outils qui permettent de mieux gérer les établissements mais aussi les allocations de ressources financières et humaines afin de créer les conditions d’une meilleure qualité de l’accueil des résidents. Les services proposés doivent être personnalisables, ce qui implique déjà qu’ils soient diversifiés aussi bien en termes de nutrition, d’animation que d’activités physiques… Cela passe également par davantage d’objets connectés destinés à recueillir plus d’informations physiologiques (troubles du sommeil, fréquences cardiaques…) et donc à optimiser la prise en charge. Deuxième point, être de plus en plus ouvert sur la cité, notamment en créant des espaces communautaires (salons de coiffure, supérettes…) qui permettent aux proches d’avoir des activités au sein de l’Ehpad et non pas seulement de rendre visite aux résidents.

 

Quels sont les points forts et les carences des Ehpad au regard de ces deux enjeux ?

B. J. : Leur point fort est leur volonté d’innover d’autant que la situation économique les y contraint. Ils sont prêts à le faire et, pour cela, ils engagent des moyens financiers et humains. Ils ont également la volonté de se former à l’innovation et aux process qu’elle requiert. D’autant que la nouvelle génération de résidents, celle des papy-boomers, se caractérise par de nouveaux modes de consommation. Ils sont demandeurs de services personnalisés et non stigmatisants. Quant aux points faibles des établissements, ce sont leur plus ou moins grande capacité à organiser les innovations, à bien les comprendre et à identifier les usages et les besoins. En la matière, il y a encore beaucoup de travail de pédagogie à faire. Pour cela, il est essentiel de sensibiliser les personnels de santé et autres qui travaillent au quotidien auprès des résidents. Ce sont eux qui doivent être les ambassadeurs de la culture de l’innovation au sein des Ehpad.

 

Au regard de la silver économie, vers quoi doivent évoluer les Ehpad ? Être un maillon de l’accompagnement des personnes âgées dans le cadre de plates-formes gérontologiques ou bien se recentrer sur l’aspect médical ?

B. J. : L’Ehpad est, à mes yeux, le dernier maillon de la chaîne de valeur de la prise en charge des âgés, sachant qu’il faut arrêter de classer les gens par âge au-delà de 65 ans. Définir des typologies en fonction de l’âge n’a aucun sens. Il convient, au contraire, de réfléchir à des parcours de vie et à des niveaux d’autonomie (être actif, fragile, dépendant). C’est d’ailleurs ce que nous avions proposé dans le cadre du contrat de filière de la silver économie sachant que pour ces trois niveaux d’autonomie, il existe des lieux de vie avec des besoins et des usages différents. 

 


 La Silver valley, visite guidée

« La première fonction de la Silver valley est d’animer sur le territoire de l’Île-de-France cette filière industrielle naissante qu’est la silver économie, explique son Directeur Benjamin Zimmer. La deuxième est de rendre ce territoire attractif en termes d’accueil de services, d’infrastructures, d’accès à la recherche et à d’investisseurs. La troisième est d’accompagner les entreprises, quelle que soit leur taille, dans leur stratégie de développement de produits et de services innovants. Enfin, la quatrième consiste à sensibiliser tous les acteurs, publics ou privés, institutionnels ou académiques, aux enjeux du vieillissement pour les inviter à réfléchir à des solutions. » L’ambition de la Silver Valley est de mettre en place un tissu industriel performant dans le cadre duquel des entreprises développent des biens et des services qui correspondent aux besoins et aux usages des seniors, en particulier des personnes fragiles et dépendantes. Ce qui est censé permettre de créer des emplois et de générer de l’activité économique en Île-de-France. Pour cela, la Silver valley dispose en 2015 d’un budget qui s’élève à environ 800 000 euros. Il est financé à 50-50 par le public et le privé. Parmi les pouvoirs publics qui y contribuent, figurent la Région Île-de-France, le Conseil général du Val-de-Marne, la Communauté d’agglomération Seine Amont mais aussi l’État (Caisse nationale d’Assurance vieillesse, Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) pour des actions ciblées. Le financement privé, lui, se compose des cotisations des membres, du sponsoring d’évènements et de prestations de services.  


 

 


Sommaire du dossier

Silver économie : quel impact sur les Ehpad ?

Silver économie : un bilan en demi-teinte mais de réelles perspectives

La silver économie, une opportunité pour les Ehpad


 

 

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