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Silver économie : un bilan en demi-teinte mais de réelles perspectives Non classé

Jarry

Deux ans après le lancement de la filière de la silver économie, les acteurs du secteur médico-social font le bilan de ce qu’elle a apporté et précisent ce qu’elle pourra apporter à l’avenir aux Ehpad.

 


« La silver économie a démultiplié les solutions »

Frédéric Serrière, conseiller en stratégie sur les impacts du vieillissement démographique et le marché des seniors.

 

« Aux États-Unis et en Australie par exemple, la silver économie concerne la consommation des plus de 60 ans. En France, notre erreur est de limiter la silver économie au grand âge. En effet, la population des 75 ans et plus n’a plus envie de consommer en grande masse. Ceci étant, la silver économie a démultiplié les solutions et apporté des innovations pour la sécurité des résidents et leur surveillance avec des systèmes anti-fuite, des systèmes de communication ou des capteurs dans les vêtements. Mais de nombreux acteurs exagèrent le potentiel de ce marché. Certains services ne fonctionnent que dans des cas spécifiques et sont présentés comme la panacée. Le vrai problème est celui du budget. Il faudrait que les innovations apportent des solutions d’organisation, de service ou de produit tout en réduisant les coûts car c’est uniquement dans ce cas-là que la silver économie a un intérêt. »

 


« Nous voulons que nos établissements soient des living labs »

Maryse Duval, Directrice générale du Groupe SOS

 

« Nous sommes acteurs de la silver économie. Nous voulons que nos établissements soient des living labs et soient partie prenante pour pouvoir dire aux ingénieurs ce qui fonctionne ou pas. Les innovations concernent tout ce qui tourne autour de l’animation avec des tablettes ou encore l’aide aux transferts. Nous travaillons aussi beaucoup sur la prévention des chutes avec du matériel adapté, sur l’autonomie des résidents ainsi que sur l’alimentation avec le manger-main pour éviter la dénutrition. Nous nous intéressons également aux textiles innovants pour voir si des solutions peuvent aider nos salariés qui mobilisent les résidents afin de diminuer les Troubles musculo-squelettiques (TMS). Les innovations peuvent amener du confort aux équipes et de l’efficience dans la prise en soins. Mais j’aimerais que l’on trouve un système pour que la transmission des informations puisse se faire plus rapidement. »

 


« Une aide à l’investissement est nécessaire »

Claudy Jarry, Président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).

 

Jarry« Il faut un temps certains pour que la silver économie trouve une place concrète dans la vie quotidienne des personnes âgées. L’innovation doit répondre à un besoin ressenti par l’usager et à une attente. Ensuite, il faut trouver un financement. En Ehpad, les problématiques de volume et de financement demeurent très prégnantes. On souhaite des locaux intelligents mais le sol intelligent n’est quasiment pas déployé car trop coûteux. L’accès à ces innovations doit se démocratiser. Or, les établissements sont dans un étau et peinent à investir dans la silver économie. Une aide à l’investissement est nécessaire, c’est l’enjeu. Et un écueil doit être évité : on ne peut pas imaginer que le sort des personnes âgées soit confié à des robots. »

 


 « Les Ehpad sont bloqués dans leur type de développement »

Guy Sudre, consultant au sein de Consultants Gcs Groupe.

 

« Avec toutes les données actuelles de l’évolution de la science, il est possible de transférer des tâches de surveillance ou encore de montage de dossiers effectuées par le personnel aux nouvelles technologies pour permettre ainsi aux professionnels de passer plus de temps avec les résidents. La silver économie prend aussi en compte le développement économique des Ehpad par rapport aux services rendus. Or, les Ehpad sont bloqués dans leur type de développement. Leurs réserves foncières pourraient être utilisées pour rendre d’autres services, par exemple, la création des centres de répit associés. Cette possibilité économique permettrait une évolution des Ehpad et une évolution du service rendu aux aidants et aux aidés. L’aménagement d’un espace Snoezelen ou d’un d’équipement de balnéothérapie pourrait servir tant aux résidents qu’à des personnes extérieures à l’établissement. Augmenter la base des clients, c’est bien de l’économie et c’est bien lié aux problèmes de vieillissement ! Il faut apprendre à faire autrement. C’est le cas avec les structures de mixité générationnelle permettant de redynamiser des structures autour d’un Ehpad. »

 


« C’est en mettant en contact des fabricants, des responsables achats, des opérateurs et des consommateurs que l’innovation avance dans le bon sens »

Florence Arnaiz-Mauné, Déléguée générale du Synerpa.

 

F AM« Quand on a commencé à parler de la silver économie, c’était un moyen pour les ministres de l’époque de montrer qu’il s’agissait d’un créneau porteur. Mais elle existe depuis longtemps, notamment depuis que le vieillissement de la population est en marche et que l’offre de service à la personne âgée se développe. Cette économie concerne toute la chaîne d’entreprises et d’associations en lien avec le grand âge ainsi que l’ensemble des biens et des services qu’elles proposent pour moderniser toujours davantage l’accueil en Ehpad et le maintien à domicile. Elle a déjà permis de soutenir et de renforcer les démarches qualité et permet la modernisation permanente des établissements en s’adaptant à la demande et aux besoins du public accueilli. Les entreprises produisent toujours de nouveaux biens et services mieux pensés. C’est en mettant en contact des fabricants, des responsables achats, des opérateurs et des consommateurs que l’innovation avance dans le bon sens et se généralise.»

 


« L’intérêt c’est que des réseaux se mobilisent et se coordonnent »

Sylvie Mathieu, Directrice de l’Union régionale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux (Uriopss) de Lorraine.

 

« Nous avons un programme avec l’Université de Lorraine, baptisé Sailor Cap 2023. L’idée est de développer une démarche de prospective-action pour les établissements et les services afin de savoir comment les nouvelles technologies peuvent leur profiter. Pour les Ehpad, nous pensons que la coopération et la mutualisation sur les territoires peuvent se faire avec une stratégie de modernisation. Faire entrer la domotique dans un Ehpad permet aux personnels de consacrer davantage de temps aux résidents. De même qu’une révolution des données informatiques devrait permettre d’améliorer le fonctionnement des établissements. Il y a des enjeux très importants en matière de services à offrir aux personnes âgées et à leur famille. Il faut également faire entrer dans les établissements tout ce qui a trait aux nouvelles énergies car ce type d’investissements peut faire baisser des coûts et reconsidérer des emplois au profit des personnes âgées. L’intérêt est que des réseaux se mobilisent et se coordonnent. Cela coûte cher et c’est un marché confidentiel. Il faut le vulgariser pour qu’il soit accessible à tous les Ehpad. »


 

 

 


Sommaire du dossier

Silver économie : quel impact sur les Ehpad ?

Benjamin Zimmer : « Les Ehpad sont globalement innovants »

La silver économie, une opportunité pour les Ehpad


 

 

 

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