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Confinement en EHPAD : quels traumatismes pour les résidents, leurs proches et les professionnels ? Au quotidien

En mars 2020, les restrictions mises en place contre l’épidémie de Covid ont empêché les proches de visiter les résidents d’EHPAD et même d’en accompagner la fin de vie, le cas échéant. Dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le Ministre des Solidarités et la Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Profession de Santé, Laurent Frémont, avec son équipe, a recueilli le témoignage de ces personnes âgées, de leurs proches et des professionnels qui exercent auprès d’eux. Dans un rapport intitulé Liens entravés, adieux interdits, il révèle les traumatismes engendrés par cette interdiction du droit de visite.

Selon les rapporteurs, « il faut prendre la mesure de la violence qu’a pu représenter le confinement, doublé de l’isolement en chambre, de personnes âgées, protégées malgré elles mais traitées de manière discriminatoire par rapport à la population générale ». Beaucoup d’entre elles évoquent cette période en faisant référence à l’univers carcéral.

Ce confinement les a parfois conduites à « un repli sur soi, une apathie, une démotivation restreignant les échanges verbaux jusqu’à un mutisme ou un quasi-mutisme, les rendant réfractaires aux sollicitations de mobilisation ». Ce comportement a même pu s’accompagner « d’une anorexie, d’un refus de s’alimenter ou de boire, d’une réticence ou d’une opposition aux soins » : c’est le « syndrome dit de glissement », qui peut mener à la mort.

Concernant la fin de vie, les règles ont été perçues comme trop strictes et manquant d’humanité. Car malgré « des dérogations, les conditions mises à l’accompagnement des personnes en fin de vie furent source de frustrations, de souffrances ».

Les rapporteurs dénoncent aussi des « violations de la liberté de conscience » liées à la restriction de l’accompagnement spirituel, de l’accès aux derniers sacrements et aux rites funéraires.

Pour les proches des résidents d’EHPAD, la suspension du droit de visite a entraîné de la défiance envers les établissements et l’État, un sentiment d’impuissance et d’incompréhension, de colère et de rejet. Certains ont même subi un stress post-traumatique.

Le rapport analyse enfin les traumatismes engendrés chez les professionnels des EHPAD. Puis il tire « les leçons de la crise » et formule des recommandations « pour maintenir le lien et restaurer la confiance » en toutes circonstances dans les EHPAD.

Consulter le rapport de la mission « Droit de visite et lien de confiance »

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