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Ehpad et services urgences Partenaires off

Souvent les personnes âgées ne savent pas
ce qu’elles ont et elles angoissent

Les seniors aux urgences ou l’urgence à agir 

Le désengorgement des urgences est une priorité du Gouvernement. Or, en France métropolitaine, 12 % des personnes ayant recours au service des urgences ont plus de 75 ans alors que les Français de cette tranche d’âge ne représentent que 8 % de la population. En outre, une partie d’entre elles résident en Ehpad.

 

« Dans les services d’urgences, les personnes âgées attendent un certain temps, dans un couloir ou une salle bruyante, parfois sur un brancard. À leur âge, cela paraît durer une éternité. » Ainsi s’exprimait Hélène Pougnant, membre du Comité départemental des retraités et personnes âgées de la Vienne, lors du premier débat public organisé par la Conférence régionale de santé et d’autonomie (CRSA) de Poitou-Charentes, le 11 octobre à Poitiers. Ces échanges avaient pour but d’améliorer la coopération et la coordination entre les secteurs sanitaire et médico-social. « Elles ne savent pas ce qu’elles ont et elles angoissent », ajoutait Hélène Pougnant. Tout en étant consciente du problème de l’engorgement des urgences, elle soulignait que dans ces conditions de stress, les seniors « peuvent perdre en espérance de vie ».

Quelles solutions ?

Afin de désengorger les services des urgences tout en limitant les situations anxiogènes pour les personnes âgées, la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (Fehap) misait, en avril 2011, sur le « renforcement d’une logique triangulaire Urgences-SSIAD-Ehpad, avec la possibilité de créer quelques lits d’hébergement temporaire d’urgences ». De son côté, l’Agence régionale de santé (ARS) de Poitou-Charentes est « en train de mettre en place une permanence de soins infirmiers mutualisée et destinée aux résidents des Ehpad », à proximité de Niort (Deux-Sèvres), a précisé le directeur général de l’Agence, François-Emmanuel Blanc, lors du débat public du 11 octobre. Une permanence de ce type est également envisagée du côté de Châtellerault (Vienne).

Depuis 2005, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Limoges (Haute-Vienne) a, quant à lui, mis en place, en collaboration avec la quasi-totalité des Ehpad du département (30 sur 38), un système d’admission directe au service des Soins de suite et de réadaptation (SSR) pour les seniors résidant en institution et atteints de pathologies aigües. Par exemple, s’ils souffrent de dénutrition majeure avec risque d’escarres. Les personnes âgées sont ainsi directement prises en charge au sein de l’Unité de recours et de soins gériatrique (URSG), créée au sein du service SSR du CHU, et ne transitent plus par les urgences. Leur admission, prescrite par l’Ehpad ou le médecin traitant du résident, est proposée puis validée par téléphone et fax sous vingt-quatre à quarante-huit heures. Le dispositif est financé par le CHU et l’ARS du Limousin.

Si, toutefois, le transfert aux urgences est indispensable, « les directeurs d’Ehpad doivent contacter la famille ou les proches du résident le plus tôt possible pour que la personne âgée ne reste pas seule trop longtemps à l’hôpital », rappelle Hélène Pougnant.

Pic d’urgences les soirs et week-ends

Les seniors se retrouvent en effet fréquemment aux urgences. En 2010, sur les 15 millions de passages aux urgences en France métropolitaine (qu’ils soient ou non suivis d’une hospitalisation), 12 % concernaient des personnes âgées de plus de 75 ans alors que ces dernières ne représentent que 8 % de la population, selon un rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) publié en mai 2011. Ainsi, rappelle le Dr Jean-Yves Lardeur, chef du service des urgences du CHU de Poitiers, son service a traité 64 962 patients l’an dernier et 20 % d’entre eux avaient plus de 75 ans. Il y a parmi eux des personnes âgées ne sachant pas toujours à qui s’adresser ou résidant en Ehpad, « parfois envoyées aux urgences, notamment la nuit et le week-end, lorsque les effectifs des établissements sont insuffisants pour gérer certains incidents tels qu’une sonde urinaire bouchée », précise le directeur général de l’ARS de Poitou-Charentes. Dans son rapport de 2011, l’Igas a d’ailleurs établi une « corrélation entre le temps de présence du médecin coordonnateur par résident » au sein des Ehpad « et la fréquence des hospitalisations hors permanence des soins » : cette dernière est plus importante en dehors des heures de présence effective du médecin coordonnateur.

Les situations varient toutefois d’une région à l’autre. En 2010, les services des urgences des hôpitaux du Limousin ont ainsi enregistré 33 071 passages gériatriques, selon l’Observatoire régional des urgences du Limousin (Orulim).

Les personnes âgées de plus de 75 ans provenant d’un Ehpad représentaient à elles seules 2 848 passages, soit une augmentation de 6,8 % par rapport à 2009 (181 passages supplémentaires). En cause : des chutes, des malaises, des problèmes respiratoires ou encore des douleurs gastro-entérologiques. Toutefois, selon l’Orulim, si le nombre d’appels vers les Centres de réception et de régulation des appels (CRRA) augmente très fortement la nuit, tous ne donnent pas lieu à un transfert vers les services des urgences.

D’ailleurs, c’est dans la journée, entre 10 h 00 et 13 h 00 et de 16 h 00 à 19 h 00 que les passages aux urgences des résidents d’Ehpad sont les plus importants.

Nathalie Ratel

 

Marisol Touraine lance son plan urgences

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a promis, lors de la réunion du Conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH) le 16 octobre, une amélioration des services des urgences dès 2013. Pour cela, elle a défini trois axes de travail :

– mettre en place de nouveaux Services mobiles d’urgence et de réanimation (Smur) ;

– revaloriser le statut de médecin correspondant du Samu afin d’inciter les médecins

généralistes à rejoindre le dispositif ;

– améliorer la coopération entre services des urgences.

La ministre souhaite également « faciliter la consultation d’un médecin de ville » en renforçant l’organisation en réseau des généralistes afin d’éviter que les patients ne se retrouvent aux urgences par dépit.

Ces mesures seront « concertées avec les représentants des élus locaux en novembre pour une mise en œuvre concrète au début de l’année 2013 », a détaillé la ministre tout en rappelant la promesse de campagne faite par François Hollande de permettre aux Français d’avoir accès à un service des urgences en moins de trente minutes.

 

Encadré

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