A la une

Émilie Vilella Non classé

Je n’ai pas été remise en cause
malgré mon jeune âge

Alors qu’elle n’a pas trente ans, Émilie Vilella est déjà à la tête d’un Ehpad, en l’occurrence de La Martégale, un établissement implanté dans l’Hérault. Si la valeur n’attend pas le nombre des années, elle implique néanmoins d’avoir les idées claires sur la manière d’exercer ses fonctions. Ce qui est le cas.

Et si le droit menait à tout… à condition d’en sortir ? Une fois titulaire de son master 1 en Droit social, Émilie Vilella renonce en effet à devenir avocate, un métier à ses yeux « pas suffisamment en contact avec les gens, pas assez dans l’humain ». En somme, pas dans la lignée de son enfance, elle qui a grandi en Nouvelle-Calédonie où son père, médecin généraliste, était responsable d’un dispensaire. Un environnement qui, comme on pouvait s’y attendre, a rapidement été synonyme de vocation naissante : « Depuis que je suis toute petite, je baigne dans les problématiques de gestion des structures médicales et d’offre de soins. Le mélange des deux m’a toujours paru être un cocktail passionnant. »
C’est pourquoi, à l’issue d’un job estival d’agent de service hôtelier dans une maison de retraite du Gard, Émilie Vilella choisit cette voie pour faire carrière et obtient un master 2 de management stratégique des établissements de santé au CESEGH (Centre d’études supérieures en économie et gestion hospitalière) de Montpellier. Elle opte pour la section médico-sociale « où la dimension humaine et le suivi à long terme sont plus marqués alors que ce n’est pas forcément le cas dans le sanitaire où l’on est davantage dans la technicité ». Une formation pratico-théorique qui s’avère d’autant plus bénéfique qu’elle se déroule en alternance, en l’occurrence en partie au sein du Groupe E4 qui comprend notamment trois Ehpad ainsi qu’un service d’aide à domicile.

Un investissement total pour asseoir sa légitimité et sa crédibilité

Diplômée en 2009, à 23 ans, Émilie Vilella devient d’abord attachée de direction, histoire de compléter ses acquis et de se forger une expérience élargie en étant confrontée à toutes les facettes du secteur. Puis, un an plus tard, c’est le grand saut : on lui propose en effet de prendre la direction de l’un des Ehpad du groupe, dénommé La Martégale et sis à Pérols (Hérault). Une opportunité qui ne se refuse pas mais qui requiert un investissement total pour asseoir sa légitimité et sa crédibilité : « Même s’il n’y pas eu de défiance à mon égard et que je n’ai pas été remise en cause malgré mon jeune âge, il a fallu que je prouve mes compétences. La première année, j’ai travaillé jour et nuit. Au départ, je me suis surtout efforcée d’instaurer des protocoles et de bien diffuser le projet d’établissement auprès de la trentaine de salariés car il est primordial qu’ils sachent vers quoi on va. Aujourd’hui, l’équipe est stable et autonome. Elle sait gérer seule divers problèmes et c’est ma fierté. Pour moi, c’est une victoire. »

Miser continuellement sur les bienfaits de l’intergénérationnel

Si Émilie Vilella est aux commandes, elle n’est pas pour autant livrée à elle-même. Son atout est de bénéficier en permanence du soutien logistique et de l’appui du siège social du Groupe E4 qui l’épaule, notamment sur les dossiers cruciaux comme le renouvellement de la convention tripartite ou les évaluations interne et externe. Un fonctionnement en réseau interne qui n’omet cependant pas d’associer également le Synerpa, lequel est régulièrement sollicité. Toujours est-il qu’au quotidien, Mademoiselle la directrice a les coudées franches et entend bien se départir de clichés éculés : « Une maison de retraite, ce n’est pas endroit triste quand on y fait bien les choses. Au contraire, c’est un lieu qui bouge, où l’on innove sans cesse. »
De belles et nobles idées auxquelles leur initiatrice s’est attachée à donner corps afin qu’elles ne restassent point lettre morte. Avec, à la clef, des cours de gymnastique adaptée sous l’égide d’un professeur de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) mais aussi des ateliers de zoothérapie et de neuropsychologie destinés à favoriser la stimulation cérébrale. Autre voie : miser continuellement sur les bienfaits de l’intergénérationnel car « les enfants n’ont aucun tabou au contact des personnes âgées », dixit Émilie Vilella. Les écoliers de Perols sont donc régulièrement conviés pour décorer le sapin de Noël, participer à des carnavals ou encore à des journées citoyennes, par exemple sur le thème du développement durable.
Récemment, le quotidien des résidents a été égayé par la présence, pendant une journée, le 4 avril dernier, du comique Rémi Gaillard qui s’est fait connaître en diffusant des vidéos décalées sur Internet. Natif de Montpellier, l’humoriste est venu à La Martégale tourner deux scènes de son prochain film. La présence d’une trentaine de techniciens n’a absolument pas perturbé les pensionnaires. « Rémi Gaillard a vraiment été très sympa, raconte Émilie Vilella. Il n’a pas la grosse tête. Au contraire, il s’est montré très respectueux et disponible en veillant à ne pas bouleverser le rythme de vie des personnes âgées qui ont d’ailleurs joué les figurants. » Et qui auront donc bientôt le privilège de se voir sur grand écran à l’occasion d’une sortie collective que leur directrice ne manquera pas de programmer.

Alexandre Terrini

 

Un Ehpad sous le soleil

La Martégale1 est un établissement médicalisé privé de 62 places dont 10 lits en unité Alzheimer. Il appartient au Groupe E4 et n’est pas habilité à l’aide sociale. Ses tarifs d’hébergement s’élèvent à 86 euros par jour en chambre simple et à 62 euros en chambre double. Situé à Pérols, en banlieue de Montpellier, il accueille une clientèle relativement aisée originaire de la région mais pas seulement, un certain nombre de pensionnaires ayant choisi d’y résider pour vivre près de leurs enfants. Et dans un cadre pittoresque sur les rives de la Grande Bleue.

1 129 allée Jacques Brel, 34470 Pérols.

Laisser un commentaire