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Josette Immery Non classé

« Diriger une maison de retraite coulait de source ».

Je me suis découvert des capacités que je ne pensais pas forcément posséder 

Après avoir effectué tout son parcours dans la fonction publique, Josette Immery a été récemment nommée directrice de l’Ehpad public Curie Sembres à Rabastens-de-Bigorre dans les Hautes- Pyrénées. Le prolongement d’un itinéraire emprunt du sceau de la formation professionnelle qui lui a permis de s’élever dans la hiérarchie.

 

Ses débuts témoignent d’une époque qui ne connaissait pas encore la crise. « Lors de ma scolarité, raconte Josette Immery, j’ai été orientée vers des études longues car j’avais de bons résultats. Après avoir obtenu mon bac D (à dominante sciences naturelles, N.D.L.R.), j’ai choisi de suivre un cursus à l’hôpital psychiatrique de Lannemezan (65) pour devenir infirmière psychiatrique. Ce secteur était en effet très porteur en termes d’emploi car cet établissement recrutait régulièrement. En outre, la formation était rémunérée, ce qui n’était pas négligeable. C’était également l’assurance de pouvoir continuer à vivre dans ma région d’origine. » Reste que la dimension matérielle n’a évidemment pas été l’unique critère d’orientation professionnelle : « J’ai toujours aimé l’être humain et faire attention à l’Autre. Cela correspond à mes valeurs depuis que je suis petite. »

« Donner un maximum de sens à chaque acte »

Diplômée en 1977, Josette Immery intègre le service de pédopsychiatrie de l’hôpital de Lannemezan. Le début d’un « parcours hospitalier qui m’a énormément apporté parce qu’il m’a permis d’évoluer et de développer mes facultés d’analyse des différentes situations auxquelles on peut être confronté ».

Désireuse de continuer à progresser mais surtout d’avoir une liberté d’action et une autonomie accrues au quotidien, Josette Immery est admise, en 1982, à l’École des cadres de l’hôpital psychiatrique Charles Perrens à Bordeaux et en sort douze mois plus tard avec, en poche, son Certificat de cadre infirmier en psychiatrie.

De retour à Lannemezan, toujours en pédopsychiatrie, elle est nommée surveillante en 1984. « En tant que responsable d’équipe, j’ai enfin pu mettre en place des projets. Mon rôle consistait certes à assurer des soins mais aussi à organiser les plannings. À l’époque, le management en était encore à ses balbutiements mais j’ai eu le sentiment que mes compétences étaient reconnues. » Elles le sont davantage en 1988 lorsqu’elle est promue surveillante chef de service, une fonction à la fois plus transversale mais aussi conceptuelle qui la passionne : « Je travaillais beaucoup sur les problématiques inhérentes au soin proprement dit. L’objectif était de donner un maximum de sens à chaque acte. En somme, je n’étais plus vraiment dans le faire mais plutôt dans le pourquoi on fait. Par ailleurs, j’étais en quelque sorte le relais entre l’équipe médicale et la direction administrative de l’établissement. C’est à ce moment-là que je me suis réellement découvert des capacités que je ne pensais pas forcément posséder. »

« Coller au terrain pour être proche du personnel »

Des acquis qui incitent Josette Immery à donner une autre tournure à sa carrière : « Je me suis dit que ce que j’avais envie de faire, c’était de diriger une maison de retraite. Pour moi, cela coulait de source, ne serait-ce que dans la mesure où dans mon environnement familial, il y a toujours eu des personnes âgées. Et puis je pense que c’était dans ma culture d’infirmière. » La fonction publique offrant des passerelle appréciables, Josette Immery prend, en 1992, la tête de la maison de retraite Le Mont Royal sise à Montréjeau (31). La voilà seule aux commandes de cette structure de 62 lits qui était autrefois un foyer-logement. Elle compense son manque d’expérience par un investissement personnel de tous les instants : « J’étais au milieu de l’arène et il fallait que je m’en sorte. Dans ce genre de situation, on essaie de gérer au mieux en anticipant au maximum les situations problématiques. Et puis je collais au terrain pour être proche du personnel. Ma force, c’est que je savais appréhender les gens et que j’avais, bien sûr, la culture du soin. » En dépit du précieux concours du comptable du Trésor public, la directrice fraîche émoulue sent qu’il lui manque encore quelques fondamentaux. C’est pourquoi, elle suit pendant trois ans, au sein de l’antenne toulousaine de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), une formation en alternance pour décrocher son Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement social ou de service d’intervention sociale (Cafdes). Parallèlement, elle impulse la mue de l’établissement en véritable Ehpad même si l’appellation n’a pas encore cours. Elle obtient notamment du Conseil général et de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass) qu’il bénéficie du forfait soins et dispose ainsi des fonds nécessaires pour recruter des infirmiers.

Un travail de structuration qu’elle initie également, à partir de janvier 2004, aux commandes de l’Ehpad public de Castelnau-Rivière-Basse (65) qui a la particularité d’accueillir des personnes qui ont séjourné en hôpital psychiatrique mais dont l’état s’est stabilisé. Au programme : activités groupales qui associent l’ensemble des pensionnaires, formation du personnel pour parvenir à une meilleure cohésion et uniformisation des pratiques mais aussi ouverture de l’établissement sur son environnement en signant des partenariats, ici avec un réseau de soins palliatifs, là avec le pôle gérontologique de Vic-en-Bigorre. Mais un projet architectural visant à créer une unité destinée aux personnes handicapées vieillissantes qui reste dans les cartons et le souhait de briguer le statut de directeur hors classe conduisent l’intéressée à demander sa mutation. Si bien que depuis quelques mois, elle préside aux destinés de l’Ehpad Curie Sembres à Rabastens-de-Bigorre (65). Avec un credo :
« repérer et analyser les problématiques puis définir une stratégie pour les résoudre, ce qui est finalement l’âme du métier de directeur ».

Alexandre Terrini

Un Ehpad flambant neuf

Entièrement rénové il y a deux ans, l’Ehpad public Curie Sembres à Rabastens-de-Bigorre1 comporte 135 places en hébergement permanent (dont un Pasa de 14 places et une unité Alzheimer en secteur fermé de 14 lits, la création d’une deuxième étant prévue à moyen terme), 4 en hébergement temporaire ainsi que 10 en accueil de jour sans compter un Ssiad (Service de soins infirmiers à domicile) de 30 places.

L’établissement est implanté dans un gros bourg d’environ 1 500 habitants situé à une vingtaine de kilomètres de Tarbes. La grande majorité des résidents sont donc originaires d’un milieu rural et « très attachés au bien vivre, notamment au bien manger », dixit Josette Immery.

Le tarif minimum d’hébergement journalier en chambre simple est de 54,15 euros.

1 15 rue Bourdalats, 65140 Rabastens-de-Bigorre

 

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