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La télévision est morte, vive la télévision connectée ! Non classé

Grâce à la généralisation d’Internet et des réseaux haut débit (ADSL, fibre optique…), la télévision change de visage. IPTV, télévision tactile, VOD : la tendance est à l’innovation et à la consommation à la demande. Face à ces évolutions, l’enjeu, pour les Ehpad, consiste à permettre aux personnes âgées de s’approprier ces innovations qui sont autant d’outils de loisir que de maintien du lien social.

 

Une salle de télévision commune et des postes de télévision personnels apportés dans leur chambre par les résidents qui le souhaitent ou le peuvent sachant que dans la plupart des cas, ces derniers bénéficient d’un accès, inclus dans le prix du séjour, au bouquet classique des chaînes nationales et de la TNT : telle est la situation qui prévaut actuellement dans la plupart des établissements. Mais celle-ci pourrait rapidement changer. Le rapprochement entre télévision et Internet ouvre en effet la voie à une multitude de possibilités, en particulier en matière de combinaison entre contenus télévisuels classiques et services interactifs.

La révolution des « Box » observée chez les particuliers depuis plusieurs années s’invite désormais dans les Ehpad en y intégrant, en sus, des services utiles au bon fonctionnement de l’établissement. Il ne faut donc plus voir la télévision comme un moyen de passer le temps mais comme le terminal d’un réseau interne à l’établissement qui peut structurer non seulement les loisirs des résidents mais aussi le travail des personnels.  

La télévision prépare sa révolution

De nombreuses sociétés s’efforcent aujourd’hui d’améliorer les fonctionnalités de la télévision connectée, à l’instar de Locatel. Cette entreprise, qui travaillait jusqu’ici essentiellement avec des hôpitaux et des cliniques privées, se lance désormais sur le marché des Ehpad en proposant une série de services dont son IPTV (Intern Protocol Television). Lequel permet de recevoir la télévision via Internet et, entre autres services interactifs, d’accéder au monde de la VOD (Video on demand). Mais cela n’est pas tout. La technologie IP permet à Locatel de viser à la fois l’amélioration du service offert aux résidents et celle des conditions de travail du personnel. L’entreprise propose ainsi des services intelligents comme la possibilité pour les patients alités de commander leurs repas journaliers depuis la télévision installée dans leur chambre. Locatel développe également une Smart-TV. Il s’agit d’une télévision tactile permettant à son utilisateur de naviguer librement sur Internet. L’étape suivante consiste à se servir de cette infrastructure technique pour rendre accessible, par Internet, les données cliniques des résidents (température, rythme cardiaque) en temps réel, ce qui pourrait grandement faciliter la tâche des médecins et des infirmiers.

Comme dans le monde sanitaire, les nouvelles technologies de l’information ouvrent des possibilités infinies. Avec un réseau et des écrans, il est donc possible de réfléchir à la mise en place d’une multitude de services destinés aux résidents ou aux professionnels. Les offres vont d’ailleurs se multiplier. Ainsi, sans aller aussi loin que Locatel dans son concept, Canal+ propose aux Ehpad un abonnement à trois de ses chaînes couplé à la mise à disposition de un à trois ordinateurs ou tablettes permettant de créer un espace convivial d’accès à Internet au sein de l’établissement. Mais comme pour toute nouveauté technologique, plus les possibilités techniques sont multiples, plus il est nécessaire de réfléchir à leur usage.

« Un support pour développer des activités »

Cette révolution technologique naissante dans les Ehpad doit donc s’accompagner d’une réflexion sur l’utilisation de la télévision par les personnes âgées. Un usage qui n’est pas neutre. Comme l’explique Michel Aimonetti, directeur du foyer des Romarins, un Ehpad implanté à Montpellier, l’usage de la TV peut être une source d’angoisse pour les personnes âgées. « Lors des attentats du 11 septembre, nous avons dû créer des ateliers de discussion pour expliquer et permettre à nos résidents d’extérioriser leurs angoisses liées notamment à l’éventualité d’une guerre ». Et d’ajouter : « Il faut concevoir la télévision comme un support pour développer des activités et non pas comme un moyen de se débarrasser des résidents. » Les résidents étant particulièrement affectés par ce qu’ils voient, il convient de prendre le temps de déployer des activités autour de la télévision.

De nombreux Ehpad l’ont déjà compris et ont lancé des initiatives innovantes. C’est le cas de la maison de retraite Saint-Joseph à Strasbourg qui a créé sa propre chaîne de télévision TéléVies. Le concept est simple : il s’agit de permettre aux résidents de développer leurs propres émissions de télévision en lien avec la vie de l’établissement et de les diffuser en interne. Mettre la vie de la maison de retraite au cœur de la télévision ? Un pari osé et réussi puisque le succès a permis à l’établissement de pérenniser l’expérience.

« Il faut qu’Internet vienne à eux »

D’autres expériences ont cours à partir de nouvelles technologies et d’Internet. Elles rencontrent parfois un vif succès alors que, de l’aveu d’un directeur d’Ehpad ayant tenté l’aventure, la demande d’Internet n’est pas spontanément forte de la part des résidents. Très peu, par exemple, possèdent un ordinateur portable dans leur chambre alors que de nombreux Ehpad sont dotés d’un réseau Wi-Fi.

Mais si les résidents ont grandi et vieilli dans un monde sans Internet pendant la majeure partie de leur vie, ils ne sont pas pour autant condamnés à être les victimes de la fracture technologique. Ils sont même loin d’être réfractaires aux nouvelles technologies. « S’ils ne vont pas spontanément vers Internet, il faut qu’Internet vienne à eux », suggère Michel Aimonetti. Pour ce faire, ce directeur d’établissement n’hésite pas à déployer les grands moyens comme avec Jazz, un robot qui a accompagné les résidents pendant plusieurs semaines. Ce robot communicant a en effet pour mission de mettre en relation audiovisuelle deux correspondants. Contrairement à Skype ou à Google+, il permet au correspondant de procéder au pilotage à distance et une immersion totale aux côtés du résident puisqu’il peut orienter le robot pour qu’il filme l’environnement de son interlocuteur. Le succès a été fulgurant, les résidents parlant eux-mêmes d’une véritable « robolution ».

Olivia Villamy

 

Histoire de droits comme au cinéma

Regarder des films figure parmi les activités préférées des résidents d’Ehpad. Ces petites séances de cinéma collectives permettent de rassembler et d’ouvrir la discussion autour d’un sujet. Mais les diffusions publiques sont strictement encadrées par la loi. La loi n°92-597 du 1er juillet 1992 dispose en effet que les supports à usage privé incluant les cassettes vidéos, les CD et les DVD ne peuvent faire l’objet d’une diffusion dépassant le cadre familial. Pour pouvoir diffuser un film, les établissements doivent recevoir une autorisation de cession de droits de la part de l’auteur de l’œuvre audiovisuelle.

La société Collectivision (www.collectivision.com) permet aux établissements d’acquérir ces droits de façon temporaire. Le principe est simple et fonctionne selon un système de location. Collectivision se charge d’acquérir les droits des œuvres et de proposer une sélection de films à leurs clients. Les établissements peuvent louer et diffuser des films en toute légalité, moyennant le paiement d’un forfait. Sur le DVD envoyé à l’établissement figure la mention « autorisé aux diffusions publiques non commerciales ». Comme pour tout système de location, l’établissement devra renvoyer le support à Collectivision passé un certain délai.

L’entreprise dispose d’un catalogue à destination des personnes âgées. Au programme, des comédies musicales, des pièces de théâtre, des reportages sur les plus belles villes du monde ou encore la collection de documentaires « Notre siècle ».

 

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