A la une

L’éco-pâturage ou comment allier gestion écologique des espaces verts et soins à la personne Non classé

L’éco-pâturage dans votre établissement de santé ? L’idée n’a rien de saugrenue, bien au contraire, tant elle présente des avantages.

 

Des moutons et des chèvres dans vos espaces verts pourquoi faire ?

 

Prendre part à la préservation de l’environnement et de la biodiversité

Faire pâturer des animaux permet d’entretenir d’une manière plus écologique et souvent moins coûteuse vos espaces verts. Cela favorise également le retour de la biodiversité pour des espaces qui redeviennent plus fertiles. Cette technique d’entretien constitue aussi l’occasion d’utiliser des races rustiques locales à faibles effectifs. La chèvre des fossés, fréquemment utilisées pour l’entretien des espaces, était il y a encore trente ans sur le point de disparaître. Son usage, remis au goût du jour par l’éco-pâturage, a permis d’éviter sa disparition.

Créer un cadre de vie plus accueillant

Installer un troupeau sur vos espaces verts, c’est aussi recréer une atmosphère de vie. Comme en témoigne Stéphanie Bourgois, responsable du développement durable au sein du centre gériatrique Charles Drouet de l’hôpital du Mans, les abords du parc, où vivent les trois poneys shetland depuis 2014, sont plus fréquentés qu’auparavant. Les gens s’y arrêtent également plus longtemps. Le personnel soignant de la structure profite autant de la démarche que les patients. De même, l’animal est-il vecteur de lien social en particulier à l’occasion des visites avec la famille. L’utilisation d’animaux
au lieu de machines réduit en outre les nuisances sonores et assure plus de tranquilité et de repos sur le site.

Un apport pédagogique original

Un programme d’éco-pâturage offre la possibilité de développer des activités autour de la présence des animaux. L’hôpital du Mans a ainsi mis en place une animation hebdomadaire lors de laquelle les patients qui le souhaitent peuvent venir caresser, brosser et promener les poneys. Cela favorise la mobilité de la personne et c’est aussi une façon de bousculer le quotidien, de ne plus penser aux difficultés. En somme, un moyen comme un autre d’apporter une touche de bonheur.

 

L’éco-pâturage, oui mais pas n’importe comment !

 

Une espèce pour un terrain

En fonction des caractéritiques de votre terrain (végétation, nature du sol, topographie) et de sa superficie, il vous faudra choisir l’espèce la plus adaptée. Si vous ne disposez que de petits espaces, de grands herbivores tels que des vaches ou des ânes seront à proscrire. Sur des prairies ou des terrains plats, les moutons seront idéaux. Le choix est donc à faire au cas par cas. Cependant, un animal de race rustique sera à privilégier. L’animal doit être résistant aux maladies et aptes à s’adapter aux conditions climatiques du secteur géographique sur lequel il vivra. Pour les ovins, on peut évoquer le mouton Lande de Bretagne.

Tenir compte du caractère de l’animal

Chaque animal possède des caractéristiques comportementales propres à son espèce et à sa race. Si vous développez des animations pédagogiques avec les patients, il faudra mieux choisir des animaux dociles et prévisibles, la sécurité restant le mot d’ordre dans une structure de soins. Ainsi des poneys shetland, doux et calmes, pourront se montrer particulièrement adaptés dans une maison de retraite.

Choisir le mode de gestion adapté à vos besoins

Plusieurs solutions s’offrent à vous. En régie interne, le troupeau appartient à l’établissement et est géré par ses propres services. Cette option, souvent moins coûteuse, implique toutefois des besoins spécifiques en formation pour les agents ainsi que la mise en place d’un système de permanence, week-end compris.

À l’inverse, la prestation de service en éco-pâturage permet à l’établissement de déléguer la gestion du troupeau à une entreprise externe. Le prestataire est alors propriétaire du troupeau et s’occupe du suivi sanitaire ainsi que des formalités administratives nécessaires. Les acteurs développant ce type d’activité sont de plus en plus nombreux, qu’il s’agisse d’entreprises paysagistes ou de personnes spécialisées uniquement dans l’éco-pâturage.

Dernière option, la gestion partenariale. Moins courante mais tout aussi intéressante, elle consiste à établir un partenariat avec une association ou un agriculteur local. Cette solution permet aux deux parties d’établir un cahier des charges présentant l’avantage de pouvoir adapter plus facilement le service aux besoins de l’établissement. Attention toutefois car, selon les régions, trouver un partenaire local peut s’avérer difficile.

Sécurité avant tout, choisir les bons équipements

Si le recours à l’animal pour l’entretien des espaces présente de multiples avantages, n’oublions pas qu’il ne s’agit pas de machines ! Travailler avec des êtres vivants implique certaines précautions autant pour la sécurité des patients et du personnel soignant que pour les animaux eux-mêmes.

L’un des points majeurs lors de l’élaboration de votre projet sera donc de bien choisir les clôtures pour éviter tout risque de fuite et d’intrusion dans l’enclos. Celles-ci doivent être choisies en fonction des caractéristiques physiques (hauteur de l’espèce) et comportementales des animaux. Certains moutons sont capables de sauter jusqu’à 1,10 mètre. À l’inverse, si vous utilisez par exemple un mouton d’Ouessant (40 centimètres au garrot pour la brebis), mieux vaut installer une clôture commençant à ras du sol au risque de les voir savourer les délicates fleurs du site  !

N’oubliez pas non plus d’installer un abri et de prévoir les équipements nécessaires pour l’approvisionnement en eau ! Le bien-être animal est de plus en plus au centre des préoccupations sociétales comme en témoigne la reconnaissance, dans le Code civil, de l’animal comme « un être vivant doué de sensibilité ». Le respect de l’animal est donc bien l’un des enjeux de l’éco-pâturage.

Veiller au respect des obligations sanitaires

Toute utilisation d’un animal considéré comme d’élevage implique, même dans un contexte d’éco-pâturage, de respecter un ensemble d’obligations sanitaires et administratives. La règlementation concernant la détention d’animaux oblige en effet le propriétaire à déclarer son troupeau auprès de l’Établissement départemental d’élevage (EDE) sur un registre sanitaire.

 

Conclusion

L’entretien des espaces verts par des animaux domestiques donnent des résultats très satisfaisants et peut permettre une réduction significative des dépenses liées à l’entretien. Les atouts pédagogiques de la démarche sont évidents. Cependant, encore faut-il un investissement important de la part du personnel soignant comme de la direction pour exploiter au mieux le potentiel d’un tel projet.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’éco-pâturage, l’équipe d’Entretien Nature & Territoire se tient à votre disposition.  

 

Lisa Clémot

Chargée de mission chez Entretien Nature & Territoire

 

 

 

 

Laisser un commentaire