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Marie-Hélène Chabernaud Non classé

« L’admission au sein de
l’établissement ne doit pas être stéréotypée »

Marie-Hélène Chabernaud, directrice de l’Ehpad l’Etoile du Soir à Montredon (46), s’est efforcée d’acquérir, tout au long de son parcours professionnel, les compétences requises par une fonction à laquelle elle aspirait.

Apporter du bonheur aux âgés a toujours sonné comme une évidence pour Marie-Hélène Chabernaud, très tôt mue par une « fascination pour l’être humain et ce qu’il peut transmettre ». Une seconde nature ancrée depuis la plus tendre enfance. « Peut-être parce que j’ai été en partie élevée par ma grand-mère car mes parents étaient très pris professionnellement. Très tôt, j’ai eu conscience qu’il fallait prendre soin des personnes âgées et rendre confortable ce que j’appelle leur dernière ligne droite. Tout simplement parce qu’elles le méritent. »
Un leitmotiv qui explique qu’une fois son diplôme d’infirmière obtenu, en 1988, au CHRU de Limoges, elle ait délibérément choisi d’exercer au sein d’un Ehpad public limougeaud. « Cela m’a d’emblée confortée dans l’idée que le soignant a toute sa part de chaleur humaine à apporter aux âgés qui sont souvent des personnes très seules dans des situations terribles d’abandon. Ce n’est pas à l’individu de s’adapter à l’institution mais l’inverse. De même est-il essentiel de respecter ses habitudes de vie, ses croyances, ce qu’il était avant qu’il soit résident. L’admission au sein de l’établissement ne doit pas être stéréotypée. »

C’était une autre époque…

Des principes dont la mise en œuvre fut entravée en 1999 pour cause de problème de santé, en l’occurence une allergie grave à tout un ensemble de produits utilisés dans les Ehpad qui obligea Marie-Hélène Chabernaud à se reconvertir. Un mal pour un bien. Après un intermède d’un an au service du logement de la Mairie de Limoges, elle intégra en effet celui du personnel du Centre communal d’action sociale (CCAS), lequel chapeaute notamment trois Ehpad, autant de foyers-logements ainsi qu’un service de soins à domicile. L’opportunité d’acquérir, au prix d’un fort investissement personnel, une précieuse expérience administrative ainsi qu’en matière de ressources humaines puisque que la fonction  consistait à gérer les carrières, les paies voire les emplois du temps de 350 agents titulaires et de 150 remplaçants.
Si bien que lorsque Marie-Hélène Chabernaud décida, fin 2001, de suivre son époux, contraint d’exercer ses activités dans le Lot, elle fit logiquement et avec succès acte de candidature au poste à pourvoir de directeur de l’Ehpad territorial de Montredon, un petit village d’à peine 300 âmes sis à une quinzaine de kilomètres de Figeac. Son profil enrichi au fil des années correspondait en effet aux exigences d’un tel emploi. C’était surtout là l’occasion de revenir à ses premières amours et à son domaine de prédilection, la gérontologie. C’était aussi l’époque où l’appellation Ehpad n’existait pas dans le vocable officiel et où les conventions tripartites étaient en phase de conception.

« Affiner la culture du soin des personnels »

L’Ehpad l’Etoile du Soir, lui-même, palissait. Édifié en 1969 sans avoir alors vocation à être médicalisé, il n’était plus adapté aux besoins d’une population de plus en plus vieillissante et en proie aux pathologies neuro-dégénératives. Le défi à relever par Marie-Hélène Chabernaud s’apparentait à une feuille de route à concevoir à l’aune de l’audit qu’elle avait lancée dès son arrivée : « J’ai d’abord étoffé les effectifs, en particulier infirmiers, et introduit les soins palliatifs au sein de l’établissement. Il a ensuite fallu former les personnels afin d’affiner leur culture du soin. » Et ce, en s’appuyant sur le concept d’Humanitude et la méthodologie des instituts Gineste-Marescotti fondée sur la parole, le toucher, le regard, la verticalité et une prise en charge individualisée. « Il s’agit, notamment avec les résidents atteints de démence, de développer la mémoire affective en évitant de générer de l’agressivité ou un trouble. On s’efforce de rendre le moment de l’aide aussi confortable que possible en respectant son rythme de vie passé. »
Puis 2010 fut l’année du grand saut, en l’occurrence de la construction d’un nouvel Ehpad aux normes actuelles. Propriété de l’organisme HLM de Cahors, celui-ci a été livré en septembre dernier et pensé dans la collégialité. En effet, des membres du personnel officiant dans les différents services ont été associés à sa conception dans le cadre d’un comité de pilotage. Résultat, un ensemble à taille humaine où toute apparence hospitalière a été gommée. Ici, pas de ligne droite et de configuration anguleuse mais des arrondis, de la couleur, des paliers à chaque étage, des salons privatifs et des appellations en occitan. L’unité Alzheimer a par exemple été rebaptisée la Maneta, la Main. Comme celle que tend Marie-Hélène Chabernaud.

Alexandre Terrini

 

Un Ehpad participatif

Arrosage et entretien du jardin, épluchage des légumes… :
« Chez nous, les résidents participent à la vie de tous les jours »
, insiste Marie-Hélène Chabernaud convaincue qu’il « est impératif de transformer les lieux de soins en lieux de vie ». Une philosophie qui séduit des résidents venus de plus ou moins loin, notamment d’Aveyron, du Cantal mais aussi d’Île-de-France et de la région Paca. Il faut dire que le prix de la journée dans cet Ehpad public, qui accueille 66 résidents dont 12 en unité Alzheimer et compte un hébergement temporaire, défit toute concurrence : cette année, il devrait être de 54,30 euros. Le prix de la convivialité et du respect de chacun.

Ehpad l’Etoile du Soir, Le Bourg, 46270 Montredon.

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