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Les Ehpad s’intéressent aux résidences services Non classé

les EHPAD s'intéressent aux résidences services

les EHPAD s'intéressent aux résidences services

Le Gouvernement entend promouvoir les logements intermédiaires pour les personnes âgées. Des acteurs spécialisés ont déjà investi le terrain. Mais des groupes d’Ehpad de toutes tailles ne sont pas en reste et développent une offre en amont de leurs établissements médicalisés.

 

 

« Nous nous apprêtons à ouvrir notre troisième résidences services et ce ne sera pas la dernière ! », se félicite Virginie Ben, Directrice d’une résidence Beausoleil du groupe Steva. La résidence services Steva à Deauville comptera 123 appartements et offrira des prestations dans les domaines de la restauration, du bien-être, des activités physiques, du ménage, des navettes pour aller faire les courses sans compter une bibliothèque, de grands salons pour recevoir du monde etc. « La résidence entend répondre aux besoins des personnes âgées qui sont autonomes mais qui souhaitent briser l’isolement dans lequel elles peuvent se trouver et qui éprouvent aussi un besoin de sécurité et le désir d’habiter un logement plus adapté », décrypte Virginie Ben.

 

Une démarche favorisée 
par le Gouvernement

Ces résidences services privées relèvent de la catégorie logements intermédiaires que le Gouvernement souhaite promouvoir au moyen de l’ordonnance du 21 février 2014. Dans leur acception commune, ces derniers consitituent un type d’habitat collectif au loyer maîtrisé. Pour ce qui est du secteur des personnes âgées, la chose est légèrement différente puisque l’on ne fait pas état d’une maîtrise du loyer mais plutôt d’un habitat collectif situé entre le domicile et la maison de retraite médicalisée. Les tarifs qu’ils pratiquent comprennent le loyer et un forfait de services ou le règlement de services à la carte ou un mélange des deux. Les locataires ou propriétaires d’appartements en résidence services ne bénéficient pas d’aides sociales car ils ne reçoivent pas de soins. En revanche, ils ont accès aux aides à la personne et aux aides à domicile, déductibles des impôts et peuvent également percevoir des aides au logement.

 

Des politiques de groupe

Le développement de ces résidences services, aux côtés des Ehpad, correspond à des politiques de groupe : « Nous nous efforçons de suivre l’évolution de la société. Il s’agit, pour nous, d’être en capacité de répondre aux attentes des personnes âgées, lesquelles ne sont pas forcément toujours identiques », explique Virginie Ben. Même son de cloche chez Domus-VI : 
« Nous développons des services liés au maintien à domicile, des résidences services et des Ehpad de façon à offrir le choix aux personnes âgées. Dans la vision de Domus-Vi, l’entre-deux peut durer. Il s’agit d’offrir aux personnes âgées autonomes, un autre lieu de vie, un autre domicile assorti de services collectifs », précise Jean-François Vitoux, Président/CEO de DomusVi.

 

Une étape incontournable ?

Le logement intermédiaire destiné aux seniors autonomes est-il pour autant destiné à devenir une étape incontournable du parcours de vie avant l’Ehpad ? Si l’offre de ce type de lieu de vie est aujourd’hui indispensable, il n’apparaît clairement pas comme un élément du parcours de soins. Parcours qui, en outre, n’est pas identique d’une personne à l’autre. La résidence services est davantage l’une des offres d’habitat personnel possible qu’un maillon du parcours de soins. « Le senior qui habite un appartement en résidence services est chez lui. La seule raison de l’orienter vers une autre prise en charge tient aux troubles du comportement et aux démences neurodégénératives qui entravent tout maintien à domicile », rappelle Jean-François Vitoux. Voire sa grande dépendance. Mais un locataire de résidence services peut fréquenter un accueil de jour ou bénéficier des prestations d’un Service de soins infirmiers à domicile (Ssiad), ce qui peut retarder ou exclure l’orientation de la personne vers un Ehpad. « Il nous est déjà arrivé d’orienter des résidents de nos résidences services vers l’un de nos Ehpad ou vers un Ehpad à proximité car nous nous insérons dans le réseau gérontologique local. Cette orientation ne relève cependant pas d’une filière systématisée mais du cas par cas : 
si parcours de soins il y a, il ne peut être que personnalisé  », conclut Virginie Ben. 

Stéphanie Marseille

 

 


Points-clés Clarifier la nature et le modèle des logements intermédiaires

 

Quel rôle dans le parcours de vie des persones âgées ? La notion de parcours s’impose dans les discours depuis trois à quatre ans. « Mais aucun parcours n’est linéaire, prévient Florence Arnaiz-Maumé, Déléguée générale du Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées) (lire également son interview en page 7). Toutes les personnes âgées ne passent pas par un chemin dont les étapes imposées seraient (1) le domicile, (2) le logement intermédiaire, (3) l’Ehpad. La Déléguée générale du Synerpa se méfie ainsi d’un discours qui ferait penser que les groupes organisent des parcours flêchés en leur sein. « Ce n’est pas le fait de posséder des logements intermédiaires et des Ehpad au sein d’un même groupe qui garantit la mise en oeuvre d’un parcours pour une personne âgée, assure-t-elle. Ce qui est important, c’est que tous les acteurs gérontologiques d’un même territoire se connaissent, échangent, travaillent ensemble et puissent orienter la personne au moment voulu. Or, force est de reconnaître que ce travail de reconnaissance mutuelle en est à ses prémices. »

Un changement de modèle économique. « La première génération de résidences services a épuisé son modèle économique », affirme Florence Arnaiz-Maumé. En effet, dans les années quatre-vingt, les personnes âgées achetaient leur logement et des millièmes de copropriété dont la charge s’ajoutait au remboursement du prêt et aux charges. « Concrètement, ces logements sont invendables », précise-t-elle. Depuis le décret de 2007 sur le sujet, de nouveaux opérateurs sont apparus sur le marché promouvant une génération nouvelle de résidences services dans lesquelles les charges de services ne sont facturées qu’aux seules personnes qui les utilisent.

Un secteur fréquentable pour les Ehpad ? Les acteurs du secteur des Ehpad ont longtemps été réticents à être associés à celui des résidences services « dont les premiers modèles ont été l’objet d’un grand nombre de scandales », explique Florence Arnaiz-Maumé. L’évolution du modèle économique et le lancement récent du concept de logement intermédiaire ont changé la donne. « Cette apparition correspond à la prise de conscience, de la part des pouvoirs publics, qu’il existe un entre-deux entre le maintien à domicile et l’entrée en maison de retraite médicalisée » souligne la Déléguée générale du Synerpa. Toutefois, la situation n’est toujours pas stabilisée. L’expression logement intermédiaire englobe en effet un ensemble hétéroclite : on y trouve aussi bien des résidences services que des logements intergénérationnels ou des maisons thématiques comme celles des babayaga etc. « Il est nécessaire de clarifier ce secteur », recommande ainsi Florence Arnaiz-Maumé qui juge par ailleurs que « le modèle des résidences services, tel que le législateur l’envisage aujourd’hui, ne va pas assez loin ». Et, comme de nombreux acteurs du secteur, elle attend le résultat de la mission de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) sur le sujet pilotée par Dominique Voynet.


 

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