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« Je ne me suis pas trompée de voie »

Le parcours d’Annick Culie, directrice de l’Ehpad de Nédonchel (Pas-de-Calais), est remarquable tant il prouve que l’ascenseur social n’est réservé… qu’à ceux qui se donnent la peine de l’emprunter !

« En France, la méritocratie, c’est possible, même encore aujourd’hui. Il faut juste y croire, s’accrocher et bosser. » Annick Culie a l’assurance de ceux qui ne doivent leurs succès qu’à eux-mêmes car acquis à la force du poignet. Les circonstances de la vie ont fait qu’elle a débuté à dix-huit ans, avec seulement un BEPC à son CV, comme agent de service tantôt en charge de l’entretien ou affectée aux cuisines au CHU d’Amiens (80). Son père était lui-même chef de projet informatique en milieu hospitalier. Pas de quoi, initialement, susciter à proprement parler une vocation mais davantage l’opportunité d’entrer de plein pied dans la vie active. Une petite décennie durant, son quotidien a été synonyme de stagnation jusqu’à une prise de conscience salvatrice : celle que cela ne pouvait tout simplement plus continuer ainsi.

« J’ai dû fait beaucoup de sacrifices en ce qui concerne ma vie privée »

À vingt-cinq ans, « par défi mais aussi par orgueil », elle décida donc de gravir les échelons un à un à coups de formations continues et de concours. Quitte à en accepter le revers de la médaille : « J’ai dû faire beaucoup de sacrifices, en particulier en ce qui concerne ma vie privée puisque j’ai renoncé à avoir des enfants. » Cette abnégation jamais démentie s’est néanmoins avérée payante avec, à la clef, des emplois de plus en plus valorisants – agent administratif puis adjoint des cadres – dans divers hôpitaux picards. Jusqu’à la consécration, en 2007, après avoir réussi le prestigieux concours de directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social. Après deux ans de scolarité assidue à Rennes, elle n’a brigué qu’un seul poste, celui de directrice de l’Ehpad public de Nédonchel (62).
Une volonté de s’orienter vers le secteur médico-social qui s’est forgée à l’aune de ses expériences passées. Au cours de ses affectations antérieures, en particulier aux centres hospitaliers de Montdidier (80) et d’Albert (80), auxquels sont rattachés des Ehpad, elle a en effet été en prise directe avec le secteur des personnes âgées en tant que responsable du pôle maisons de retraite mais aussi du service économique. Outre la grande polyvalence qu’elles requièrent, ces fonctions lui ont permis de se forger une perception assez précise du domaine médico-social destiné au troisième âge : « Dans le secteur public, il arrive que les maisons de retraite, quand elles ne sont pas indépendantes, soient un peu les parents pauvres car les contraintes budgétaires hospitalières sont importantes. Pourtant, les personnes âges sont attachantes et fragiles. Elles ont besoin de vous. Cela a en quelque sorte été une rencontre. »

Un peu seule au début

Qui s’est donc véritablement concrétisée à l’Ehpad de Nédonchel (62). « J’ai eu un coup de cœur à la fois pour cet établissement et pour ce joli petit village situé en pleine campagne, raconte Annick Culie. Il comprend 230 habitants dont 60 sont pensionnaires de notre Ehpad. Autant dire que la proximité, l’aspect relationnel et la dimension humaine sont ici primordiaux. D’autant que moi, je n’aime pas voir des résidents s’ennuyer dans le patio ou devant la télévision parce qu’on ne leur propose rien d’autre. Il faut être novateur en misant par exemple sur les nouvelles technologies qui peuvent apporter énormément. »
Toujours est-il que les débuts, à compter du 1er janvier 2010, ont été ardus : « Je me suis sentie un peu seule. Chaque matin, je faisais le tour des services pour m’assurer qu’il n’y avait pas de problème car je n’avais pas d’équipe autour de moi. Il n’y avait ni médecin ni d’infirmière coordinateurs. Depuis, nous en avons recrutés ainsi qu’un responsable de la logistique. » Pour se préserver d’un isolement qui eut été sclérosant, Annick Culie s’est rapprochée des divers acteurs locaux de santé. Ainsi, des conventions ont-elles été signées avec des hôpitaux voisins, en particulier celui de Béthune, ou encore avec une équipe mobile de soins palliatifs. Sans compter des partenariats avec les Ehpad d’Aubigny-en-Artois (62) et de Lillers (62) qui ont débouché sur des coopérations en matière de formation continue des personnels et de marchés publics d’assurance. Une dynamique s’est instaurée à l’image de celle qui l’a initiée, « très heureuse de ne pas s’être trompée de voie ».

Alexandre Terrini

 

Un Ehpad en mutation

L’Ehpad de Nédonchel1, financé par l’ARS et le Conseil général, a élu domicile dans une bâtisse de 1881, don du Docteur Guffroy qui souhaitait que ses contemporains puissent y passer des vieux jours en toute quiétude. Seulement voilà, le bâtiment, situé en zone inondable, ne vieillit pas très bien.
Il a donc été décidé d’en construire un nouveau ailleurs dans le village. La première pierre sera posée dans environ six mois. Là encore, le coût du chantier sera assumé par les pouvoirs publics. La capacité de cet établissement habilité à l’Aide sociale passera de 60 à 83 places. Conçu sous forme de maisonnées d’une quinzaine de lits, il sera surtout doté d’une unité Alzheimer et d’un Pasa.

1 17 rue Principale, 62550 Nédonchel.

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