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Canicule : gare à la déshydratation et aux coups de chaud ! Non classé

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caniculeLa canicule se traduit par de très fortes chaleurs pendant au moins trois jours consécutifs, en l’occurrence des températures minimales au-dessus de 20°C la nuit et des températures maximales supérieures à 33°C la journée. Dans ces circonstances, les personnes âgées sont particulièrement exposées à des risques de déshydratation et de coup de chaud, y compris en Ehpad.

 

Les seniors sont particulièrement vulnérables en cas de fortes chaleurs. En effet, comme le rappelle l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) dans une fiche synthétique élaborée dans le cadre du Plan canicule 2015 (voir encadré)« en plus de la fragilité liée aux maladies chroniques, à la perte d’autonomie et aux médicaments, la personne âgée présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur, caractérisée par une réduction  de la perception de la chaleur, des capacités de transpiration, de la sensation de soif » mais aussi « de la capacité de vasodilatation du système capillaire périphérique limitant la possibilité d’augmentation du débit sudoral en réponse à la chaleur ». De plus, le vieillissement physiologique entraîne des modifications de la composition corporelle (diminution de la masse maigre et de l’eau totale corporelle, laquelle passe de  76 % à la naissance à 53 % à 70 ans). Enfin, la personne âgée présente une fonction rénale souvent altérée qui nécessite « une vigilance particulière » pour « maintenir un équilibre hydro-électrolytique correct », insiste l’Inpes.

 

40 à 45 millilitres d’eau par kilo et par jour

Aussi, en cas de températures extérieures élevées, quelques règles de base doivent être respectées par le personnel des Ehpad : entrebâiller les volets et fermer les fenêtres des chambres des résidents dès l’aube pour ne pas faire entrer la chaleur puis les rouvrir le soir lorsque la température baisse ; allumer la climatisation ; passer plusieurs fois dans les chambres des résidents pour leur faire prendre une douche (matin et soir), leur humidifier le corps (la peau et/ou les vêtements) et les faire boire s’ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes. La technique dite de la bouteille d’eau peut être expérimentée auprès des personnes les plus autonomes : il s’agit de remplir une à deux bouteilles d’eau le matin et d’expliquer aux personnes âgées comme à leurs proches qu’elles doivent être vides le soir. C’est là un moyen simple mais efficace de quantifier la quantité d’eau absorbée. Pour mémoire, les besoins quotidiens en eau de la personne âgée sont de l’ordre de 40 à 45 millilitres d’eau par kilo et par jour. Attention, toutefois, aux résidents souffrant d’insuffisance rénale et donc en restriction hydrique ! Attention, également, à l’hyponatrémie (trouble hydroélectrolytique caractérisé par une concentration en sodium dans le plasma sanguin (natrémie) inférieure à 136 mmol/l) de dilution : la production de sueur engendre en effet une perte en eau et en sel qui doit être compensée ; c’est pourquoi les prises de boissons doivent être accompagnées d’une alimentation variée pour maintenir le sel de l’organisme (pain, soupes…).

 

Gare aux produits glacés

L’Inpes conseille par ailleurs aux établissements d’éviter de proposer des boissons et des plats « trop froids » aux personnes âgées car la sensation de soif s’atténue certes plus vite mais de manière trompeuse en cas de consommation de produits glacés. Il suggère, par ailleurs, de « diversifier l’apport d’eau : thé ou café frais (avec modération), sirop très dilué dans de l’eau, soupes froides, compotes de fruits, sorbets (préférables aux glaces car plus riches en eau), jus de fruits, fruits et légumes riches en eau (pastèque, melon, fraises, pêches, tomates, courgettes et concombres), yaourts (un yaourt hydrate aussi bien qu’un verre d’eau) ». A noter également que les pâtes contiennent 70 % d’eau une fois cuites !

La mise en place ponctuelle (habituellement la nuit) d’une hypodermoclyse (hydratation par perfusion sous-cutanée), en accord avec le médecin coordonnateur de l’Ehpad ou le médecin traitant du résident, peut être envisagée si, malgré une surveillance active, le résident est insuffisamment hydraté. Le site d’injection le plus aisé se situe au niveau des parois latérales de l’abdomen ou dans la région sous-claviculaire si la personne est agitée la nuit.

 

Vigilance sur les médicaments

Le personnel soignant des Ehpad doit également rester vigilant concernant les médicaments absorbés par les résidents atteints de maladies psychiatriques (neuroleptiques, antidépresseurs etc. en particulier lorsqu’ils sont associés à un diurétique), neurologiques (traitements en cas de maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou de troubles apparentés), cardiovasculaires, endocriniennes (traitements du diabète, d’une hyperthyroïdie, d’une hypercalcémie, d’une insuffisance surrénalienne) ou encore uronéphrologiques. Certains médicaments induisent en effet des hyperthermies et risquent, dès lors, d’accentuer les effets de la chaleur ambiante. D’autres peuvent voir leurs effets amplifiés sous l’effet d’une température élevée. Pour en savoir plus, consulter la documentation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) (voir encadré ci-contre). Enfin, certaines situations aiguës majorent le risque de déshydratation : la fièvre (dans ce cas, inciter le résident à boire 0,5 litre d’eau supplémentaire par degré de température supérieur à 37°C), les diarrhées (chaque selle engendre une perte hydrique de 100 ml) ou encore les vomissements.

 

Premiers signes

Malgré toutes les précautions prises, des déshydratations graves (muqueuses sèches, persistance d’un pli au niveau de la peau de la cuisse, du thorax ou du bras, hypotension, faible abondance des urines, perte de poids) et/ou des coups de chaleur (peau rouge sèche contrastant avec muqueuses humides, température supérieure ou égale à 40°C, troubles neurologiques centraux, contractures musculaires) peuvent de produire. Dans le premier cas, une réhydratation en urgence doit être mise en place. Dans le deuxième, « une réanimation intensive associée à une humidification cutanée par de l’eau fraîche associée à une ventilation favorisant son évaporation » sont nécessaires, rappelle l’Inpes. Dans tous les cas, il convient d’en référer au médecin coordonnateur de l’Ehpad ou au médecin traitant. A défaut de pouvoir les joindre (la nuit ou le week-end, par exemple), contactez le 15.

Nathalie Ratel

 


 Pour aller plus loin

•Instruction interministérielle du 12 mai 2015 relative au Plan national canicule 2015.

« Bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur », fiche de l’ANSM, juin 2014.

« Médicaments susceptibles d’aggraver le syndrome d’épuisement-déshydratation et le coup de chaleur », fiche de l’ANSM (à l’époque, Afsapps), juin 2009.

Ces documents sont accessibles sur le site de l’ANSM (ansm.sante.fr) et sur celui du ministère de la Santé (www.sante.gouv.fr)

« Fortes chaleurs : prévenir les risques sanitaires chez la personne âgée », fiche de mars 2015 destinée aux professionnels de santé et éditée par l’Inpes.


 

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