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Santé bucco-dentaire : aux grandes causes, les grands effets Non classé

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Améliorer le confort oral des personnes âgées accueillies est une volonté fréquemment exprimée par les responsables d’établissement. Mais ils se sentent souvent démunis pour accéder à des réponses réellement adaptées. Un partenariat entre l’Agirc-Arcco et l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) illustre la nécessité d’intervenir en faveur de la santé bucco-dentaire en établissement et en démontre la faisabilité.

 L’état de santé bucco-dentaire des personnes âgées résidant en Ehpad est problématique. Or, on le sait, il existe un lien étroit entre les problèmes dentaires et les autres pathologies qu’ils causent ou aggravent. Une mauvaise santé bucco-dentaire augmente également le risque de perte d’autonomie par les conséquences physiques et psychologiques que cela engendre : perte du goût, dénutrition, douleurs, repli social… Parallèlement, les personnels soignants sont peu formés aux pratiques d’hygiène bucco-dentaire et souvent découragés par l’attitude parfois réfractaire de certains résidents.

C’est à l’aune de ce constat partagé avec l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) qu’un partenariat a été mis en place en 2012 pour une durée de deux ans afin que le confort bucco-dentaire participe au bien-être quotidien du résident, explique Anne Saint-Laurent, Directrice de l’action sociale de la retraite complémentaire Agirc et Arrco, elle-même gestionnaire d’une soixantaine d’établissements (EHPA, EHPAD, SSR gériatrique). Objectif du programme : agir concrètement sur l’état bucco-dentaire pour favoriser un confort oral et, par ce bénéfice ressenti, rechercher l’adhésion des résidents et de leurs familles mais aussi développer la confiance des soignants en la matière. Pour mettre en œuvre ce projet, un cahier des charges précise les prestations attendues des chirurgiens-dentistes, l’UFSBD proposant ses praticiens adhérents là où des réseaux locaux n’étaient pas identifiés.

Sensibilisation, formation et dépistage

Il s’agit de concourir à la réalisation de quatre objectifs :

La sensibilisation des résidents, de leur famille et des personnels non soignants. Des réunions sont ainsi programmées dans les établissements avec comme matériel pédagogique des supports visuels et du matériel de démonstration. De quoi sensibiliser déjà plus de 500 personnes aux impacts de la santé bucco-dentaire et battre en brèche des idées reçues telles que « le dentiste, ça fait mal et ça coûte cher » ou encore « à cet âge, ça ne vaut plus la peine ! »

– La formation des personnels soignants aux gestes quotidiens et à la vigilance bucco-dentaire. Facteur-clé dans la prise en charge de l’hygiène bucco-dentaire, la formation des personnels constitue à la fois le principal frein au sein des organisations actuelles mais aussi le meilleur levier pour agir tant à court terme que de manière durable. 360 professionnels ont ainsi bénéficié d’apports théoriques couplés à des mises en situation pratiques tant il importe d’appréhender concrètement la réalité du soin et de prendre en compte les appréhensions voire les réticences que l’intrusion dans la sphère orale peut susciter.

– Le dépistage des causes douloureuses et un accès facilité aux soins de confort. Dans le respect des règles déontologiques, les séances de dépistage permettent de détecter des besoins de soins plus ou moins urgents évitant la survenue ou l’aggravation de douleurs. Mais le dépistage constitue aussi le socle de repérage des besoins sur lequel les équipes vont pouvoir bâtir leur plan d’action.

 

 Vers une action pérenne

Les établissements sont à présent engagés dans une réflexion globale pour que la santé bucco-dentaire devienne un enjeu partagé par tous : résidents, soignants et familles. C’est par la compréhension de ses conséquences et la volonté d’instaurer une vigilance pérenne que le confort oral peut alors être intégré avec efficacité au projet de soin. Cela passe notamment par l’appropriation par les équipes d’outils tels que la mise en place d’un correspondant en santé orale, l’instauration de protocoles régulièrement évalués, l’offre de formation et la prise en compte de cette problématique dans l’organisation quotidienne.

Fidèle à sa vocation de partage d’expériences et d’essaimage des bonnes pratiques, l’Agirc-Arrco, en partenariat avec l’UFSBD, a mis à disposition de tout acteur du champ gérontologique un guide pratique issu de cette expérience1. Cette brochure se veut un outil de sensibilisation et d’accompagnement pour un responsable d’établissement désireux d’instaurer une vigilance efficace et pérenne portant sur le confort oral des personnes accueillies. Trouver des référents, travailler avec un réseau de santé, adapter les gestes quotidiens, choisir du matériel ou encore connaître la réglementation afférente à l’exercice des divers professionnels en établissement sont quelques-unes des thème abordés.

Anne Saint-Laurent,
Directrice de l’action sociale Agirc-Arrco


Un bon état bucco-dentaire, gage d’une bonne qualité de vie des résidents

L’étude menée par l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) pendant un an, dans 13 établissements, a permis le recueil de 358 fiches de dépistage.  Cette enquête révèle que 57 % des résidents nécessitaient une prise en charge thérapeutique en matière bucco-dentaire et
14 %, en urgence. Par ailleurs, 27 % des résidents nécessitaient une aide partielle ou totale à l’hygiène bucco-dentaire. Plusieurs facteurs influent sur la santé bucco-dentaire du résident : son état de santé, son type d’alimentation, son degré de dépendance, sa capacité à se laisser soigner mais aussi à prendre en charge son hygiène bucco-dentaire.

Par ailleurs, un mauvais état dentaire est un facteur aggravant des pathologies et, inversement, certaines pathologies diminuent les capacités à maintenir une hygiène bucco-dentaire satisfaisante. Par ailleurs, quand les dents non remplacées sont trop nombreuses, la consistance de l’alimentation doit être modifiée, d’où une augmentation du risque carieux. De même, les équipes soignantes doivent être attentives pour accompagner les personnes non autonomes : en l’occurrence, les personnes en GIR 1 et 2 mais aussi celles ayant des difficultés motrices gênées pour effectuer le brossage.

L’hygiène bucco-dentaire quotidienne est un levier important pour favoriser la santé et la qualité de vie des résidents en Ehpad, sachant qu’aujourd’hui, les actions à mettre en œuvre n’en sont plus à un stade expérimental et que les solutions éprouvées pour améliorer les pratiques sont accessibles1. La prochaine étape pour les établissements est ainsi de former un correspondant en santé orale, lequel assure un suivi du projet de santé bucco-dentaire et accompagne les équipes en matière de  surveillance de l’hygiène bucco-dentaire.

Dr Benoît Perrier,
Secrétaire général de l’UFSBD


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