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Construire son projet d’animation en Ehpad,mode d’emploi Non classé

Projet d'animation


L’animation a vocation à divertir les résidents ainsi qu’à favoriser le maintien de leur autonomie et de leur vie sociale. Quelques clés permettent de concevoir un projet d’animation cohérent.

 

 « Le projet d’animation n’est pas une simple succession d’activités plus ou moins plaquées dans les emplois du temps des personnes âgées : il s’agit d’une démarche globale à travers laquelle les résidents, les différentes catégories de personnels, les proches et les bénévoles sont impliqués », rappelle Bernard Hervy, Président du Groupement des animateurs en gérontologie (GAG). Les activités doivent concerner l’ensemble des personnes âgées dans le respect de leurs besoins, de leurs goûts, de leurs désirs et de leurs capacités. Elles doivent également être conformes à la philosophie et à l’organisation propres à chaque établissement. C’est pourquoi, selon Bernard Hervy, un projet d’animation en Ehpad ne peut être mis efficacement en place sans le recrutement d’un animateur compétent, c’est-à-dire titulaire d’un diplôme spécifique et spécialisé en gérontologie. « Les diplômes d’animation sociale de niveau III et IV présentent de bons résultats », note M. Hervy.Ils sont listés dans les recommandations de bonnes pratiques de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) sur « La vie sociale des résidents en Ehpad ».

Pluridisciplinarité

« Nous travaillons énormément en équipes pluridisciplinaires, explique Sarah Imaaingfen, Directrice de l’Ehpad Foyer résidence rhodanien des aveugles de Lyon. L’animatrice, présente à plein temps, a été intégrée à l’équipe soignante. Son activité repose sur deux pôles principaux : d’une part, l’animation de la vie sociale pour les résidents les plus autonomes, qui s’appuie sur l’organisation de jeux de société, de revues de presse ou encore de débats et, d’autre part, l’animation orientée sur les personnes souffrant de pathologies lourdes du type maladie d’Alzheimer et maladies apparentées. Celle-ci, organisée avec l’aide des aides-soignants ayant bénéficié d’une formation d’Assistant en soins de gérontologie (ASG), regroupe des activités d’expression artistique et de gymnastique douce, par exemple. » L’animatrice a par ailleurs suivi une formation spécifique sur les ateliers sensoriels. Cette formation a pu être intégrée dans la dotation globale propre aux soins – la dimension sensorielle ayant été intégrée tant dans le volet animation que dans le volet soin de l’Ehpad – et a pu être soutenue financièrement par l’Agence régionale de santé (ARS).

Bénévolat

Toutefois, en principe, l’animation en Ehpad demeure une composante du tarif afférent à l’hébergement. Cela implique de trouver des solutions pour organiser des activités variées malgré les contraintes budgétaires : mutualiser les ressources matérielles pour les activités et les moyens de transport pour les sorties ou encore faire appel à des bénévoles, par exemple. « Pour les animations entrant dans le cadre de la vie sociale au sein de l’établissement, je sollicite beaucoup les familles, souligne Sarah Imaainghen. C’est une occasion supplémentaire pour elles de maintenir le lien avec leur proche tout en participant à la vie de l’établissement. Je les préviens que je fonctionne ainsi dès l’admission de la personne âgée. » La Directrice de la résidence lyonnaise propose également aux anciens salariés de son établissement, partis à la retraite, de garder un lien avec leur ancien lieu de travail. Ainsi, une cuisinière retraitée depuis 2010 vient-elle aider à l’occasion d’activités culinaires. De son côté, une ancienne infirmière de l’Ehpad, passionnée de reiki, vient deux fois par an diriger des séances de gymnastique douce dans la continuité de ce que propose la psychomotricienne. L’avantage : tous connaissent les lieux et les résidents ainsi que la manière d’approcher ces derniers.

Autre possibilité : faire appel à des bénévoles extérieurs. Marguerite Morineau, animatrice de l’Ehpad Saint-Pierre à Palluau (Vendée), est membre de droit de l’association de bénévoles créée au sein de l’établissement. Composée principalement de jeunes retraités domiciliés aux alentours, cette association est d’une grande aide pour l’organisation de sorties, de vacances, de repas à thème, de veillées le soir pour les résidents qui ne souhaitent pas se coucher trop tôt… mais aussi pour la recherche de financements et de partenaires (élus, associations etc.).

Vie locale

« Je travaille beaucoup avec les représentants des communes et communautés de communes, l’objectif étant d’intégrer le programme d’animation de l’Ehpad dans la vie de la collectivité, souligne Marguerite Morineau. Cela permet aux résidents de rester en lien avec le monde d’aujourd’hui. » Ainsi, lors du marché de Noël local, l’Ehpad tient un stand qui permet aux résidents de vendre leurs productions (confitures etc.). Lors de journées portes ouvertes organisées par les agriculteurs voisins, l’animatrice veille, autant que faire se peut, à ce que les résidents puissent visiter les exploitations laitières, animalières ou céréalières. Et, récemment, les responsables du Centre communal d’action sociale (CCAS) ont proposé aux résidents de l’établissement de fabriquer des compositions de Noël destinées à être offertes à des personnes âgées de plus de 80 ans vivant seules à leur domicile. « Chaque panier – une cinquantaine au total – était composé de caramels, de gaufres, de sablés ou encore de cartes de Noël, explique Marguerite Morineau. Le CCAS a versé à l’établissement 15 euros par panier, soit un bénéfice de 8 euros par panier destiné à alimenter le budget animation de l’Ehpad. » Par ailleurs, l’organisation, par l’établissement lui-même, de marchés de Noël ou de kermesses peut être l’occasion pour les résidents et les équipes de présenter et de vendre les produits et autres objets confectionnés lors d’ateliers culinaires, artistiques et/ou manuels et, pour des habitants et des artisans du quartier, de tenir un stand pour vendre leurs propres produits.

Appels à projets

Enfin, les appels à projets d’animation lancés par les autorités de tutelle, les fondations et certains organismes publics ou privés (la Caisse nationale d’Assurance vieillesse – Cnav, la Fondation de France, AG2R La Mondiale etc.) peuvent s’avérer utiles. Marielle Pannecocke, Directrice de deux Ehpad et d’un foyer logement situés dans le Pas-de-Calais, a ainsi répondu avec succès, en décembre 2013, à un appel à projets lancé par le Conseil général du Nord, lequel souhaitait promouvoir les activités culturelles en établissements d’hébergement pour personnes âgées. Elle a obtenu des instances départementales une subvention de 7 600 euros pour la création d’une chorale intergénérationnelle. Ce projet concerne deux des trois établissements dirigés par Marielle Pannecocke, des écoles primaires qui viennent déjà tout au long de l’année chanter devant les résidents, ainsi qu’une compagnie de théâtre et de chant. « La somme qui nous a été allouée couvre 80 % du coût du projet environ, précise la Directrice. Nous sommes actuellement à la recherche d’autres financements pour compléter et nous continuons à rechercher des partenaires au sein des communautés de communes qui accepteraient de participer au projet et à son financement. Certains se sont déjà manifestés. » 


 Pour aller plus loin

Certains outils en ligne recensent des projets d’animation ou des supports d’animation en Ehpad afin de partager bons plans et bonnes pratiques.
Parmi eux, Ehpadeo (www.ehpadeo.org) ou encore Culture à vie (www.culture-a-vie.com) actuellement développé par le Groupement des animateurs en gérontologie (GAG) et qui commence à fonctionner au sein de huit départements.


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