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Harmoniser les intelligences pour améliorer notre organisation interne Non classé

Jean Chauvin est à la tête depuis peu de l’Ehpad L’Orée des Pins situé dans le Loir-et-Cher. Apothéose d’un parcours plein de rebondissements auquel son cursus scolaire ne le prédestinait nullement.

« Contrairement à beaucoup, je n’ai pas mon bac, prévient d’emblée Jean Chauvin, en esquissant un sourire. En effet, je n’étais pas très studieux en classe. Plus exactement, je ne trouvais pas ma place dans le système scolaire. Je ne rentrais pas dans le moule, si bien que ce que l’on me proposait ne me convenait pas, du moins pour ce qui est de la méthode. » On le devine, l’homme n’a jamais été un adepte de l’autoritarisme, ni du strict rapport hiérarchique maître-élève ou supérieur-subordonné serait-on tenté d’ajouter.
Toujours est-il qu’une fois ses études arrêtées en seconde, il lui a bien fallu opter pour une orientation afin d’assurer la matérielle. Ce fut la menuiserie par goût et don pour les activités manuelles, lui le bricoleur dans l’âme. Une fois son CAP en poche, « obtenu brillamment », insiste-t-il, Jean Chauvin a commencé à travailler dans le secteur qu’il s’était choisi.
Ce catholique pratiquant, issu d’une famille de sept enfants, fréquentait alors un groupe d’animation chrétien à Niort. Un jour, l’un de ses membres le sollicita pour occuper un poste de directeur-adjoint d’un foyer de jeunes travailleurs. « J’avais seulement vingt-quatre ans mais j’ai accepté sans hésiter car j’ai toujours eu un tempérament assez jovial et ouvert. Cela m’a permis de m’installer aisément dans ce métier. Heureusement, la directrice m’a pris sous son aile et m’a formé. J’ai appris les bases de la gestion interne de ce genre de structure, notamment tout ce qui concerne les budgets prévisionnels et les salaires. En fait, j’ai toujours eu la chance, au cours de ma carrière, d’avoir été aidé par des gens accueillants. »

« Créer de la complémentarité et des partenariats »

Les rencontres, justement, ont continué à décider de sa destinée professionnelle. Ainsi, trois ans plus tard, alors qu’il avait déménagé dans un petit village près de Besançon pour y suivre des cours d’éducation biblique, quitte à redevenir menuisier charpentier l’espace de quelques temps, on lui proposa de nouveau une opportunité qu’il ne put refuser : en l’occurrence, de devenir directeur de l’antenne départementale, dans le Doubs, de l’ADMR, une association d’aide à domicile en milieu rural. Il s’agissait tout de même de chapeauter 350 salariés et 30 associations locales. Là encore, Jean Chauvin ne se défaussa pas et releva le défi après avoir toutefois suivi une formation en interne portant essentiellement sur le volet administratif et financier de l’aide à domicile, la gestion du personnel et les ressources humaines.
S’en suivirent cinq ans de bons et loyaux services au point d’être promu directeur régional pour le Languedoc-Roussillon et Paca avec comme mission d’y développer les réseaux de l’ADMR. « Sur le plan personnel, je me suis rendu compte que j’avais un potentiel que je ne pensais pas posséder, notamment mettre en place ma capacité à créer de la complémentarité et des partenariats, à développer des services, à rechercher des financements, en un mot, à nouer des contacts avec l’extérieur. Tout cela m’a construit et permis de prendre une stature que je n’avais pas. »
Malheureusement, une reconfiguration de l’organigramme de l’ADMR en 1992 se solda par la suppression des directeurs régionaux. Désireux de ne pas se laisser happer par la routine, Jean Chauvin préféra s’en retourner dans le Poitou et se parer des habits de créateur d’entreprise puisqu’il fonda sa société de nettoyage à domicile de textiles, moquettes et autres. L’aventure tourna court au bout de quatre ans d’efforts et d’investissement avec, en guise d’épilogue, une cessation d’activité et un dépôt de bilan en bonne et due forme.

« Beaucoup de satisfaction et de bonheur »

Le hasard fit une nouvelle fois bien les choses : un coup de téléphone impromptu d’un haut dirigeant de l’ADMR qui cherchait un directeur départemental pour le Loiret relança Jean Chauvin, désormais établi à Orléans, qui, six années durant, de 1996 à 2012, parvint à développer cette petite fédération départementale et à en élargir le champ d’activité. C’était également l’époque de la mise en place de la Prestation spécifique dépendance qui allait devenir l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa).
À l’heure d’entamer la dernière ligne droite, son envie fut en quelque sorte de boucler la boucle, de « mettre son expérience au service des personnages âgées », en particulier, dans le cadre d’un Ehpad. Une ambition étayée par l’obtention, en 2010, d’un diplôme de directeur d’établissement de l’intervention sociale. Mais aussi par la maîtrise des divers paramètres communs à l’aide à domicile et aux Ehpad, tels que les conventions tripartites ou les Contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (Cpom). L’ultime grand saut eut donc lieu début 2012, à l’aube de la soixantaine, lorsque sa candidature fut retenue pour prendre la tête de L’Orée des Pins à Neung-sur-Beuvron. Un Ehpad public territorial fruit de la réunification, en 2009, de deux Ehpad publics, sis à Neung-sur- Beuvron et à Yvoy-le-Marron, qui, eux, étaient régis par le statut hospitalier. Avec, à la clef, la construction d’un établissement flambant neuf afin d’optimiser l’accueil des pensionnaires et de répondre aux normes en vigueur.
Jean Chauvin en préside donc les destinées avec une joie non feinte : « J’en tire beaucoup de satisfaction et tout simplement du bonheur. J’aime l’idée de faire marcher des équipes ensemble pour le bien-être des résidents. J’essaie de casser leur solitude en passant un maximum de temps avec eux, en particulier lors des repas. En fait, j’aspire à harmoniser les intelligences des uns et des autres pour améliorer notre organisation interne. Cette notion de continuité est essentielle. »

Alexandre Terrini

Après le Pasa, l’accueil de jour ?

0Situé en plein cœur de la Sologne, L’Orée des Pins1 accueille en majorité des habitants de la commune de Neung-sur-Beuvron conformément au souhait du Centre intercommunal et d’action sociale (CIAS). Il compte 85 places dont 15 dévolues à l’unité Alzheimer. Depuis, le 1er juillet dernier, un Pasa a été ouvert mais Jean Chauvin souhaiterait également développer un accueil de jour qui s’avérerait précieux dans une région où les personnes âgées et leurs aidants vivent souvent isolés. Et même si les
financements sont, conjoncture oblige, très  contingentés, l’établissement emploie deux animateurs en équivalant temps plein chargés d’agrémenter le quotidien des résidents. Le tarif journalier est de 51,62 euros en chambre simple et la liste d’attente comprend une soixantaine de personnes.

1 Rue du Stade, 41210 Neung-sur-Beuvron

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