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Le Limousin précurseur Non classé

Limousin

LimousinDès 2005, constatant que l’afflux de personnes âgées de plus de 75 ans allait croissant, le CHU de Limoges a totalement repensé l’organisation de la prise en charge des personnes âgées au sein de sa structure. De cette réflexion sont nés un système fondé sur une équipe mobile de gériatrie pluridisciplinaire et un secteur de Post-urgence gériatrique (PUG) sur lesquels se sont ensuite adossés plusieurs dispositifs spécifiques à la prise en charge des personnes âgées.

 

 

Avec son indice de vieillissement parmi les plus élevés d’Europe, le Limousin fait figure de territoire démographique test pour la France. Au CHU de Limoges (87), les personnes âgées représentaient, en 2005, 22 % de l’activité des urgences. Une situation qui a conduit l’établissement à réorganiser sa filière gériatrique en intensifiant la présence des gériatres aux urgences et en renforçant la prise en charge de ces patients en post-urgence. Cette dynamique reposait alors sur la création du binôme Unité mobile gériatrique (UMG) et service de Post-urgence gériatrique (PUG).

 

Ainsi, en quelques mois, la nouvelle organisation a permis d’orienter avec précision ces patients vers les spécialités dont ils relevaient. Avec, pour conséquences, moins de personnes âgées aux urgences et des durées d’attente réduites alors qu’elles étaient souvent synonymes de rupture et de perte d’autonomie pour les seniors. Par ailleurs, la durée moyenne de séjour en médecine gériatrique aigüe est passée de treize à sept jours. Cela a permis d’augmenter le nombre de retours à domicile ou en Ehpad. Enfin, cette nouvelle organisation a favorisé les échanges entre les urgentistes et les gériatres et amélioré par là même l’accueil des personnes âgées aux urgences.

 

Pivot de la filière sur le territoire

Depuis 2005, l’établissement a étoffé sa filière et fait aujourd’hui figure de pionnier en la matière sur le territoire français. « Le CHU de Limoges a organisé depuis une dizaine d’années une filière gériatrique complète », explique Philippe Verger, Directeur adjoint du CHU de Limoges, en charge de la politique gérontologique. « Nous proposons un ensemble de prises en charge et d’accompagnement du sujet âgé, du domicile jusqu’à la médecine aigüe. Pour ce faire, nous avons développé toute une palette de services qui participent au maintien à domicile avec un SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) et une HAD (Hospitalisation à domicile). Certes polyvalente, cette palette est en grande partie orientée vers les personnes âgées. Sans compter une Unité de prévention, de suivi et d’analyse du vieillissement (Upsav) qui a pour mission d’éviter la rupture d’autonomie et d’évaluer l’impact sanitaire, social et économique des actions de prévention. » Des consultations gériatriques et mémoire sont par ailleurs organisées en lien avec le Centre mémoire de ressources et de recherche (CM2R) pour les malades d’Alzheimer. S’ajoutent à cela un hôpital de jour diagnostic et un service de médecine gériatrique. Le CHU de Limoges bénéficie également d’une Unité de recours et de soins gériatrique (URSG) depuis huit ans. Ce service permet d’accueillir en moyen séjour des résidents d’Ehpad qui nécessitent des soins infirmiers vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Enfin, la filière est complétée par des unités classiques telles que des Soins de suite et de réadaptation gériatriques (SSRG), des Unités de soins de longue durée (USLD) et un Ehpad (comprenant un accueil de jour Alzheimer).

 

Stratégie de l’anticipation

Courant 2014, l’établissement expérimentera une unité de Médecine d’urgence des personnes âgées (MUPA) au sein du service des urgences du CHU. Ce nouveau dispositif permettra aux gériatres de prendre en charge, de l’évaluation à la mise en œuvre d’une thérapeutique, les personnes âgées de plus de 75 ans polypathologiques qui présentent un état de santé dégradé mais qui ne sont pas dans une situation d’urgence vitale. La filière s’organise autour d’une cellule d’ordonnancement en lien avec une Commission d’accueil pour personnes âgées (Capa). En outre, l’établissement entretient des relations suivies avec la médecine de ville, les Ehpad, les hôpitaux de la région et les services de maintien à domicile. Cette organisation favorise l’accès des personnes âgées aux plateaux techniques et aux consultations hospitalières en évitant au maximum les admissions aux urgences et les hospitalisations classiques. « La filière autorise une véritable stratégie de l’anticipation dans une logique du parcours de soins », confirme Philippe Verger.

 

Convaincu du bien-fondé de ces réseaux transversaux, le Directeur de la politique gérontologique du CHU est conscient que le modèle de son établissement se trouve davantage facilité par la taille du territoire, circonscrit à l’agglomération de Limoges et à la région Limousin, que par le niveau de vieillissement de la population. Reste que l’évolution démographique de la société française obligera de facto les institutions et les établissements à renforcer ces logiques de filière et de parcours de soins centrés sur les besoins de la personne âgée. « Un survieillissement de la population est en train de se faire jour qui nous amène à imaginer des dispositifs adaptés pour accueillir, héberger et accompagner les très âgés. Il faut s’organiser dès à présent pour éviter les éventuelles ruptures de prise en charge dans les prochaines années », conclut Philippe Verger.   

 



Aux Magnolias, une filière gérontologique interne


Le CHU de Limoges n’est pas le seul à faire figure de précurseur. A l’Hôpital privé gériatrique Les Magnolias (HPGM), à Ballainvilliers (91), une filière gérontologique complète et interne a été mise en place. L’HPGM est en effet aujourd’hui le seul établissement en France à disposer de la totalité des structures inhérentes aux filières gériatriques dans un même établissement : pôle ambulatoire sanitaire, consultations, hôpital de jour gériatrique, équipe mobile, médecine de court séjour, Soins de suite et de réadaptation (SSR), soins de longue durée et filière médico-sociale mais aussi Ehpad, Centre local d’information et de coordination (Clic), Maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer (Maia) ou encore service de soins à domicile.

Par ailleurs, l’HPGM a noué des conventions avec quarante Ehpad locaux. Il accueille les personnes âgées vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui évite ainsi leur transfert vers les urgences. « Notre mode d’organisation nous permet de préparer, en amont, le séjour en SSR avec comme objectif  de ramener les personnes âgées à leur domicile. Et, grâce à la télémédecine, un même médecin peut les suivre à distance », explique Evelyne Gaussens, Directrice de l’établissement.

Poursuivant sa dynamique, l’établissement vient de lancer un appel d’offres pour changer de système informatique support du dossier médicalisé. Objectif : simplifier l’interface et faire en sorte qu’elle soit compatible avec les outils des autres établissements. Car, malgré la praticité et l’efficacité avérées de sa filière interne, pour l’heure, seuls six des établissements avec lesquels Les Magnolias collabore sont en capacité de partager le dossier du patient. Or, c’est bien là que le bât blesse, selon Claudette Brialix, Présidente de l’association Bien vivre ensemble (BVE 36) : « Trop souvent, quand la personne est envoyée aux urgences, le dossier médical de l’Ehpad n’est pas transmis complètement. Inversement, quand celle-ci est renvoyée vers l’Ehpad, ce sont parfois les informations concernant sa prise en charge qui ne sont pas fournies de façon suffisante. » 



 

 



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