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Le Projet Personnalisé en EHPAD : Où en est-on ? Dossiers

Alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) a repris les missions de l’ANESM depuis le 1er avril 2018, la convergence se pose d’emblée sur les modalités prochaines du secteur médico-social.

Impulsées par la loi n°2002-2 rénovant l’action sociale et médicosociale puis la loi du 11 février 2005-101 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées et, la légitimité du droit des usagers apparaissent dès lors que la personne âgée est accueillie en EHPAD.

La circulaire n°2011-398 du 21 octobre 2011 précise : l’évaluation des activités et de la qualité des prestations des établissements et services sociaux et médicosociaux (ESSMS), prévue à l’article L.312- 8 du code de l’action sociale et des familles (CASF), contribue à la mise en œuvre effective du droit de l’usager à une prise en charge et à un accompagne- ment de qualité, adaptés à ses besoins (art. L. 311- 3, 3° du CASF).

L’ANESM a d’ailleurs émis des recommandations spécifiques : « les attentes de la personne et le pro- jet personnalisé ».
Le cadre des évaluations institutionnelles est apparu progressivement par les décrets : n° 2007-975 du 15 mai 2007 fixant le cahier des charges, n°2010- 1319 du 3 novembre 2010 fixant le calendrier et n° 2012-147 du 30 janvier 2012 fixant les conditions de l’évaluation externe. L’ANESM a aussi émis des recommandations des bonnes pratiques professionnelles en ce sens.

Nous connaissons ainsi les exigences institutionnelles des activités et de la qualité des prestations d’un établissement médicosocial. Mais qu’en est- il de cette approche individualisée de l’offre et de l’évaluation du projet personnalisé de la personne âgée accueillie en EHPAD ?

Pour en savoir plus, nous avons souhaité interroger la Haute Autorité de Santé mais aussi d’autres acteurs impliqués dans la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie.

Tout d’abord : depuis le 1er avril 2018, les missions de l’ANESM ont été reprises par la HAS au sein d’une nouvelle direction, la Direction de la Qualité de l’Accompagnement Social et Médicosocial (DiQASM) dirigée par Madame Véronique GHADI et Mme Aylin AYATA, Cheffe de Projet ont accepté de répondre à nos questions dans le cadre de leurs missions et en lien avec le Projet Personnalisé :

La HAS vient de faire paraître une « Fiche repère ANESM publiée en août 2018 : Le Projet Personnalisé, une dynamique du parcours (Volet EHPAD) : Quelles sont les avancées structurelles en comparaison de la recommandation ANESM « les attentes de la personne et le projet personnalisé ?

Les dernières publications de l’ANESM ont été publiées par la HAS car l’adaptation de recommandations et les réactualisations prennent un certain temps ; de plus, l’appropriation de ces orientations implique une conduite de changement culturel des pratiques lesquelles comportent des enjeux opérationnels en termes de métier pour les professionnels. Actuellement, les orientations des bonnes pratiques portent notamment sur le Plan National des Maladies Neuro-dégénératives ; les besoins d’accompagnement évoluent de manière croissante avec des enjeux d’accueil et d’accompagnement spécifiques à une population de plus en plus âgée et poly-pathologique. Les recommandations actuelles portant sur le projet personnalisé visent principalement la vie sociale du résident avec pour objectif de prévenir la perte d’autonomie tout en tenant compte de l’état de santé. Cet accompagnement se situe dans une logique de transversalité.

La Fiche repère ANESM fait référence à l’EHPAD comme le périmètre central : le lieu de vie du résident où les interactions s’organisent entre les parties prenantes : la personne âgée et son entourage, les professionnels et l’environnement. Les axes de progrès se tournent essentiellement vers une formation adaptée à l’accompagnement des situations poly-pathologiques et de maladies neuro-dégénératives.

Pour ce qu’il s’agit du volet médical, la HAS met à dis- position les dispositifs en « Fiche points clés : Organisation des parcours » tels que « Comment réduire les hospitalisations non programmées des résidents des EHPAD » ou encore le dossier de liaison d’urgence (DLU) qui contribue à faciliter les transferts d’in- formations utiles au médecin intervenant dans un EHPAD ou dans un service des urgences (SU).

Quant aux évaluations multidimensionnelles com- prenant les risques inhérents de la personne âgée que requiert le dossier de soins et d’accompagne- ment, des travaux de la médecine gériatrique sont en cours et au dépend d’une politique de continuité de soins.

Dans une logique de parcours de soins, la « Fiche repère ANESM de Mars 2018 : La commission de coordination gériatrique » est également récemment publiée. Quels sont les objectifs et en quoi cette commission peut-elle favoriser la qualité d’un Projet Personnalisé de soins et d’accompagnement ?

La Commission de coordination gériatrique est une instance d’échanges et de réflexions partagés entre les professionnels salariés et libéraux dont le médecin traitant contribuant au bénéfice de la qualité de l’accompagnement des résidents au sein de chaque EHPAD. II s’agit d’une instance collective où les cas particuliers ne sont pas forcément évoqués. Les objectifs d’un projet personnalisé au regard d’un parcours individualisé doivent être définis conjointement par l’expression de la personne âgée et ses aidants, des professionnels et des partenaires.

Cependant la coordination gériatrique reste imparfaite car les acteurs principaux que sont les médecins traitants, les professionnels paramédicaux, les spécialistes de la santé mentale sont trop éloignés du médecin coordonnateur qui semble démuni pour mener à bien son rôle en commission de coordination gériatrique. Celui-ci rencontre effectivement des écueils pour exemple : réunir les acteurs de la santé territoriale en charge notamment du dépistage des pathologies géronto-psychiatriques ou neuro-dégénératives dont les évaluations sont essentielles pour déterminer précisément la maladie et adapter l’offre médicosociale en EHPAD. Aussi, est-il important de rappeler l’organisation du parcours territorial de santé se définissant à partir d’un diagnostic partagé sur la base :

– Du Projet Régional de Santé ;
– Et du Conseil Territorial de Santé.

Ces dispositifs ont pour objectif de structurer la coopération des professionnels de santé et la convergence des structures portés par les acteurs institutionnels ; l’Agence Régionale Santé et la Méthode MAIA Méthode d’action pour l’intégration des services d’aides et de soins dans le champ de l’autonomie.

Quel sont les enjeux institutionnels en 2019 pour le secteur des EHPAD ?

La DiQASM de la HAS a émis des propositions auprès de Madame la Ministre Agnès Buzyn sur des missions structurées d’évaluations, de méthode de visite, d’homogénéisation des rapports et de transparence ainsi qu’un référentiel national en projet articulé sur : les droits des usagers, la bien-traitance, la satisfaction, la gestion des risques, la qualité de vie au travail, un système d’information et d’indicateurs autour du Dossier Médical Partagé et de la télé-médecine ainsi que la pertinence d’un Système Management de la Qualité. Suite à la Concertation du Grand âge, nous devrions en connaître davantage au 1er semestre 2019.

 

 

Du côté des EHPAD, le processus-clé relatif au projet personnalisé institutionnel recouvre parmi ses finalités de l’autonomie, l’amélioration de l’accompagnement de la vie sociale et du cadre de vie.

L’efficacité dépend également du processus fonda- mental, celui du projet d’établissement et/ou de service. La prise en compte collaborative des besoins et des attentes autour de la personne âgée et de ses aidants par la Direction elle-même, des professionnels de santé et les partenaires doit être exprimée en termes d’engagement afin que sa mise en œuvre soit véritablement effective et facilitée puis évaluée et analysée pour actions afin de garantir la qualité des prestations encadrée réglementairement.

Outre les bases contractuelles sur lesquelles est fondé le projet d’établissement, un changement culturel des pratiques professionnelles représentent les facteurs clé de réussite de cet accompagnement personnalisé et de l’adaptation de l’offre.

Qu’en est-il sur le terrain ? Les réponses de Monsieur Thierry LAMOUR offrent un point de vue critique intéressant. Ce consultant formateur expérimenté du secteur médico-social et intervenant en EHPAD est également évaluateur externe – Certification AFNOR, formateur des Bonnes Pratiques Professionnelles de secteur sanitaire & médico-social et spécialiste de la prévention des Risques Psychosociaux – Certification INRS nous invite à prendre part de ses réponses :

En tant que Consultant-évaluateur, vous impulsez la qualité des prestations de services et d’accompagnement en EHPAD ainsi que les évolutions des bonnes pratiques : Quels sont pour vous les enjeux actuels pour les EHPAD ?

Pour l’ensemble des parties prenantes, c’est réelle- ment de se ré-approprier le sens de l’accompagne- ment des personnes âgées face à une normalisation

et législation galopante qui complexifie et rigidifie le système alors même que les attentes des nouvelles générations exigent de plus en plus de souplesse et de coordination entre intervenants. Par exemple : Les CPOM étendus à 2021 pour l’ensemble des EHPAD vont permettre d’engager une réflexion commune entre autorités et structures dans la production d’objectifs et d’indicateurs concernant la personnalisation de l’accompagnement. Encore faut-il que les professionnels de Direction soient informés, formés par exemple à l’élaboration du diagnostic partagé (dont les outils fondamentaux sont les projets d’établissements et les évaluations) et des subtilités des EPRD/ERRD…

Deuxième enjeu majeur : La capacité des professionnels à traduire ces attentes par des offres de services adaptées entre domicile et EHPAD dans des accompagnements séquentiels et modulaires. C’est l’un des grands objectifs affichés par Madame Katia JULIENNE, nouvelle Directrice de la HAS : La promotion du par- cours de vie et de soins des usagers.

« Là aussi, nous avons des progrès à faire ! Déjà qu’est- ce que nous entendons des attentes de nos usagers ? Nous répondons du mieux possible avec les moyens humains et compétences professionnelles mis à disposition. En revanche, quelle est la politique de partenariats, de coopération développons-nous pour prévenir les périodes de transition, de ruptures dans le cadre d’une coordination des parcours de vie et de soins ? »

Le dernier enjeu majeur est la valorisation des compétences et la politique de reconnaissance des professionnels(les). Devant le « EHPAD BASHING » en cours, l’engagement des organismes gestionnaires – quelle que soit la nature juridique (privé à but lucratif, associatif à but non lucratif, public) – doit d’être incarné du niveau de la vision des dirigeants sur les pratiques professionnelles.

Cela nécessite une réflexion « pas si évidente et non consensuelle » qui amène un débat sur ce qu’est le « travail bien fait » (cf Yves CLOT) en s’appuyant notamment sur les différentes dimensions de la Qualité de Vie au Travail. Des productions HAS-ANACT aident les professionnels à y réfléchir. Gageons que la circulaire DGCS/4B/2018/177 du 17 juillet 2018, relative à la qualité de vie au travail dans les EHPAD, puisse avoir des répercussions sur le référentiel en cours d’élaboration par la HAS en 2019 qui servira de base au processus évaluatif.

Un « Coordonnateur de Projet Personnalisé » est chargé de piloter la co-construction des projets personnalisés de soins et d’accompagnement en équipe pluridisciplinaire. La Fiche repère précise : « Le terme de coordonnateur […] désigne soit le cadre (Directeur, Médecin coordonnateur, Infirmier coordonnateur) garant de cette coordination, soit le professionnel à qui a été déléguée la fonction (Soignant, Psychologue, Animateur, autre…) ». Selon vous, est ce que cette fonction de coordination peut être aisément menée et qu’est-ce que cela implique ?

Il convient dans un premier temps de clarifier de quoi parle-t-on ? A l’instar de Jean Pierre SINQUIN dans le nouveau dictionnaire de l’action sociale, nous pour- rions être tentés de qualifier la coordination de projet personnalisé en EHPAD d’O.P.N.I. (Objet Professionnel Non Identifié) !

La notion de coordination intègre des enjeux, des ou- tils plus vastes que la référence de l’usager, du projet personnalisé telle que l’on la pratique sur le terrain.
La fonction de coordination est définie comme la « construction d’un dispositif ressource pour garantir la complémentarité, la cohérence des interventions et leurs nécessaires ajustements ; coordonner les professionnels amenés à intervenir pour faciliter le parcours de la personne et positionner l’établissement comme une ressource du territoire » (cf p RBPP Pratiques de coopération et de coordination de la parcours de la personne situation de handicap)

La fonction de coordination, au-delà des références soins et vie sociale comme souvent je l’observe, est donc une fonction transversale qui vient heurter de plein fouet la logique très verticale, hiérarchique et cloisonnée dans nos EHPAD. Elle interroge la capa- cité des professionnels à briser le travail en silo en interne (soins, hébergement, gestion, restauration, animation) et à intégrer dans l’accompagnement des partenaires externe (intervenants libéraux, entourage, HAD, Soins palliatifs, ESA, EMG, Hôpital, …).

C’est un vrai changement culturel qui se base sur un questionnement sur la valeur ajoutée de chaque prestation au regard des attentes et besoins de l’usager. Un questionnement qui ne va largement pas de soi dans nos établissements où tous les professionnels agissent pour le bien des personnes âgées et en sont si totalement convaincus qu’ils fuient toute pratique évaluative. Il est vrai que parfois la méthodologie et les suites (ou l’absence de suites !) données aux évaluations ne les a pas vraiment encouragés dans la dynamique d’amélioration continue de la qualité.

« On comprend aisément alors que la fonction de coordination nécessite une réflexion trans-disciplinaire inscrite dans le projet d’établissement, incarnée par un accompagnement de l’évolution des compétences et une écriture très claire des sub- délégations dans le cadre de la coordination. Sans quoi les professionnels vont très vite se retrouver en difficultés dans l’exercice de cette fonction qui n’est ni financée, ni intégrée dans un référentiel de compétences pour l’instant. »

Le rôle de l’usager : La personne âgée accueillie est partie prenante de son projet personnalisé de vie dès son arrivée dans l’établissement avec le soutien de ses proches aidants. Comment cette dimension participative est-elle mise en œuvre ? Quelle est la place de la personne accompagnée à chaque étape ? Quelle est la place/rôle/missions de l’entourage et des intervenants ? Quels sont les éléments d’appréciation tout au long du séjour ?

La participation de la personne âgée est systématiquement recherchée, c’est un fait (c’est ce que dé- montre les retours sur la démarche de bien-traitance en établissement cf ANESM 2015) et c’est par ailleurs un des droits fondamentaux des personnes accueillies inscrit dans le CASF.

La place de la personne âgée est donc sur le papier prépondérante de la phase du recueil des besoins, de la formalisation des objectifs, de sa mise en œuvre bien entendu. Cela se complique sur dans la phase de co-évaluation qui sous-tend que les objectifs et indicateurs de résultats aient été élaborés ou pour le moins communiqués à la personne accompagnée.

Le projet personnalisé traduit à un instant l’analyse « de visée systémique » des professionnels par rapport à la situation que vit la personne âgée. Cette vision se traduit concrètement par des réponses sous la forme de prestations personnalisées (restauration/hôtellerie/accompagnement à la santé/soutien social/ soutien psychologique/sécurité..). C’est là un engage- ment formalisé sous la forme de l’avenant au contrat de séjour.

Ces sont ces objectifs d’accompagnements et ces prestations qui vont être évalués régulièrement au cours du séjour (au moins une fois par an) en fonction de la situation que vit la personne âgée au cours de l’accompagnement.

Les professionnels et l’entourage accompagnent la personne dans la participation active à son accompagnement, sa liberté de choix et l’accès à l’information sur ces droits fondamentaux, y compris celui de renoncer, d’ajourner un accompagnement, y compris sur l’analyse des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre. N’oublions pas que nous devons faire preuve d’humilité et de modestie, la personne reste « maître de sa vie » et c’est elle qui nous fixe la temporalité et la réévaluation constante des objectifs. C’est elle qui nous invite à être créatifs, solidaires pour « répondre à » des aléas qui de toutes façons arrivent toujours.

Par ailleurs, on note ici la place importante des « sa- chants » que sont l’entourage et la famille qui aident les professionnels et la personne dans la mise œuvre du projet. Le Code de l’Action Sociale et des Familles depuis le décret 2016-1395 du 18 octobre 2016 souligne à cet effet l’importance de la personne de confiance comme un partenaire privilégié des per- sonnes âgées dans l’exercice de ces différents droits.

En quoi le « Projet Personnalisé » est un outil de la bien-traitance dans le parcours de vie/de soins de la personne âgée ?

Le projet personnalisé est un outil fondamental de la bien-traitance dans l’établissement avant tout pour la personne âgée et également pour les professionnels. Il permet dans un premier temps de recueillir l’expression de la personne, sur ces attentes, ses besoins, le premier pilier de la démarche de bien-traitance.

Pragmatiquement, Le processus du projet personnalisé questionne également les professionnels sur les supports qui permettent de recueillir les observations : sont-ils adaptés aux déficiences et aux capacités des personnes âgées accompagnées ?

Deuxième temps, le projet personnalisé permet une vision globale de la personne. Il n’est plus question de traiter ici d’une pathologie et de l’objectivation de la personne par sa pathologie, « c’est un diabétique, c’est un Alzheimer » mais de le considérer à ce moment-là, en fonction de son parcours de vie, comme un être présent avec des envies, des capacités aussi minimes qu’elles soient.

En fait, c’est bel et bien les capacités des professionnels, à observer et à traduire des besoins et surtout des attentes de personnes, qui sont interrogées. On retrouve ici tous les concepts fondamentaux autour de la bien-traitance rappelés dans la recommandation de l’ANESM (Bienveillance, Sollicitude, Care, Ecoute, Communication)

En réalité, plus que les résultats des actions mises en œuvre, est ce que ce n’est pas le chemin parcouru qui compte ? C’est par ailleurs ce qui est souligné dans la recommandation sur le projet personnalisé et égale- ment dans la recommandation sur la bientraitance dont deux des principaux repères sont l’usager c- auteur de son parcours et la qualité des liens entre professionnels et usagers.

Comment ce processus peut-il contribuer au développement des compétences dans la gestion des ressources humaines ?

L’élaboration tout comme la mise en œuvre du projet personnalisé contribue à l’évolution des compétences de l’ensemble des professionnels de l’institution dans de multiples dimensions :

En termes de savoirs, il fait autant appel à la connaissance des RBPP de la HAS/ANESM que sur les exigences législatives qui l’encadrent comme par exemple l’échange de l’information à caractère secret. Le processus intéresse bien évidemment la mise en œuvre les connaissances des pathologies et de leurs effets sur les personnes. C’est une dimension essentielle qui interroge la pertinence et la cohérence des plans de formations au regard de l’évolution des caractéristiques des populations accompagnées (Maladies neuro-dégénératives, souffrance psychique, vieillisse- ment de la population en situation de handicap, fin de vie). Enfin, le processus met en exergue les compétences évaluatives dans le cadre de la fonction de coordination qui s’intéresse aussi bien aux résultats que sur la mise en œuvre. A ce sujet, les équipes ont pour l’instant le plus grand mal à spécifier les effets et à manipuler les indicateurs de résultats, de processus et de contexte comme le détaille fort justement le rapport VIDAL d’août 2018 sur le processus évaluatif et qualité dans les EHPAD. Espérons que nous pourrons compter à moyen terme sur l’aide de la DiQASM à ce sujet.

En termes de savoir-faire, le projet personnalisé per- met de faire bouger les lignes d’un accompagnement purement médical à un « accompagnement global » de la personne dont la valeur ajoutée ne se résume pas à la juxtaposition des compétences mais au contraire à la coordination des compétences internes et externes dont la visée est de prévenir l’exclusion et ses effets sur la personne (cf art L116 du CASF). En d’autre termes, à quoi ça sert d’avoir un soin très performant d’un point de vue technique si dans le même temps et dans le même établissement, la personne se sent délaissée d’un point de vue social, si elle se sent totalement inutile aux autres et si elle n’éprouve pas de plaisir à vivre tout simplement des petits bonheurs comme elle le faisait si bien avant, d’ailleurs, ne nous le rappelle-t- elle pas si souvent ?

Enfin le projet personnalisé, n’est-ce pas l’essentiel, qui permet de soutenir une démarche collective sur le sens donné à l’accompagnement et la place de chacun. Le processus interroge bien évidemment le cadre institutionnel mis en place pour l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du projet personnalisé.

En quoi le cadre organise-t-il la participation de chacun de façon pertinente, concrète et sans démagogie au projet ? En quoi, le cadre institutionnel favorise le décloisonnement des tâches privilégiant un mode de travail fonctionnel plus que hiérarchique ?

Posons aussi des questions qui fâchent : « Comment les compétences de coordination peuvent elle être valorisées dans le système de rémunération, alors qu’elles n’existent pas encore dans le référentiel de compétences ? »

La mission de l’EHPAD : Quels sont les étapes du processus clé ?

Les professionnels peuvent se référer à l’annexe 2 « Schéma d’élaboration du projet personnalisé » de la fiche repère HAS/ANESM « Le projet personnalisé : une dynamique du parcours d’accompagnement (volet EHPAD »), qui détaille la procédure d’élaboration. Bien sûr, il convient de l’adapter aux pratiques professionnelles en fonction des ressources disponibles en visant toujours le respect des droits fondamentaux des per- sonnes accompagnées (Liberté, confidentialité, participation active, accès à l’information cf art L311_3 du CASF…).

Encore une fois, le plus important réside dans l’appropriation progressive et adaptée de la recommandation

au contexte de l’établissement et/ou du service. La méthodologie retenue s’apparente à une méthodoogie projet qui repose sur la confiance, la créativité et la communication entre tous les professionnels. A titre d’exemple, ci-joint une procédure simplifiée à adapter. Autant que possible, les professionnels des établissements se conforment aux exigences institutionnelles afin de répondre à la qualité des prestations engagées et attendues. L’observation des pratiques évaluées et suivies des actions d’améliorations est aussi l’occasion d’une démarche de progrès stratégique et d’expertise du secteur

C’est le cas du Groupe Adef Résidences, dont le retour d’expériences affirme une signature éthique :

Où en est-on dans la mise en place et la réévaluation des projets personnalisés en Ehpad ?

En 2016, la Direction des Sciences Humaines et Sociales a mené des ateliers de réflexion sur l’écoute des personnes âgées dans le but d’améliorer la connaissance, l’écoute et l’accompagnement des Résidents et de leurs proches. Il est alors apparu nécessaire de revoir le projet d’accompagnement personnalisé en menant une réflexion sur ses fondements et les enjeux éthiques.

Plusieurs groupes de travail intégrant des Résidents et des professionnels ont permis de revoir l’ensemble de la dynamique du projet d’accompagnement personnalisé sous l’angle « parcours ». Ces travaux ont été intégrés dans les réflexions du groupe de travail qui a mené à la fiche repère « Le projet personnalisé : une dynamique du parcours d’accompagnement (volet Ehpad) » de l’ANESM/HAS. L’ensemble des Ehpad Adef Résidences a mis en œuvre les recommandations.

Les points forts et les points critiques d’un point de vue managérial et d’un point de vue Résident ?

Le projet personnalisé repose dorénavant sur l’en- semble des souhaits, besoins et désirs des Résidents. Ainsi, l’ensemble des personnes intervenant auprès des résidents (professionnels de l’EHPAD, intervenants extérieurs, médecins traitants) contribue à la co-construction de son projet personnalisé. Ce projet est donc un facteur direct de collaboration indispensable à la qualité de l’accompagnement. Néanmoins, si l’ensemble de ces professionnels a de bonnes connaissances techniques et un savoir indéniable des capacités des résidents, l’unique personne à connaitre son vécu de l’EHPAD, son expérience de vie, ses envies et ses réels besoins est le Résident lui-même. Ainsi, le projet personnalisé, tel qu’il est mis en œuvre chez Adef Résidences, n’est pas un simple recueil technique des habitudes de vie du Résident, mais un véritable outil pour respecter ses souhaits, ses désirs et ses refus. Ce projet débute d’ailleurs avant l’entrée en Établissement, lors des visites à domicile, et il est régulièrement ré-évalué.

Retour d’expérience d’Adef Résidences

Pour Adef Résidences, le questionnement éthique représente une manière de penser et d’agir qui place l’ensemble des dimensions humaines au coeur des décisions. C’est pourquoi le projet personnalisé représente l’un des outils qui participent à ce que chaque Résident puisse, en fonction de ses capacités et dans l’espace de vie collective qu’est l’Ehpad, se réaliser en tant qu’individu, quel que soit son âge, sa situation de santé ou son handicap. Adef Résidences veut aller plus loin que la personnalisation de l’accompagnement, en offrant, aux résidents vulnérables, l’ensemble des conditions nécessaires pour pouvoir se réaliser en tant qu’individu : ce que nous appelons les conditions d’individuation. Ces conditions sont d’autant plus im- portantes que les personnes vulnérables connaissent des périodes ou des situations de vies qui posent, avec une acuité particulière, les questions du sens de l’existence. »

Du côté des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication : Où en est-on ?

En matière d’outils, diverses solutions sont déjà en place pour appuyer les professionnels en Ehpad pour une mise en œuvre concrète du projet personnalisé. L’entretien avec Malta Informatique, éditeur de solutions informatiques dédiées aux Ehpad confirme que ces outils technologiques répondent aujourd’hui aux attentes, que ce soit, pour la création et le suivi d’un projet personnalisé ou pour la gestion globale des activités d’un établissement. Quelles fonctionnalités proposent les systèmes d’informations dédiés à la gestion du projet de vie personnalisé dans une structure ? Réponses avec 4 logiciels dédiés aux professionnels de santé et aux établissements médico-sociaux signés Malta Informatique, Teranga, EvoluCare Technologies et Medgicnet.

Des solutions informatiques répondant spécifiquement aux besoins du projet de vie en Ehpad

Ces 4 éditeurs de solutions informatiques intègrent la démarche du projet de vie personnalisé dans leurs applications dédiées aux Ehpad.

Dénommé Titan, le logiciel développé par Malta est par exemple un véritable tableau de bord consignant une importante quantité d’informations autour de l’accompagnement de la per- sonne âgée accueillie. De l’élaboration du projet de vie à la co-évaluation des actions, l’outil couvre l’intégralité du processus. Des fonctionnalités similaires sont également remarquées sur les logiciels Medgicnet, NETSoins de Teranga et OSIRIS-SIH d’Evolucare Technologies.

À ce sujet, Grégoire de Rotalier, président de Malta Informatique, souligne en effet que, grâce au logiciel Titan, « pour chaque résident, il est possible d’évaluer et de définir des objectifs, qui seront traduits en activités occupationnelles, activités thérapeutiques, suivis de soins et de constantes, évaluations ». La mise en œuvre des objectifs inscrits au projet de vie ainsi que la vérification et/ou l’actualisation des actions y afférentes sont en outre facilitées, grâce aux interfaces ergonomiques et simples d’utilisation de ces 4 outils informatiques. Le président de Malta Informatique précise d’ailleurs que sur le logiciel Titan « toutes ces actions sont planifiées ou proposées à la saisie, par exemple dans le plan de soin ou le planning d’activités, ce qui permet d’assurer un suivi et d’alimenter le projet personnalisé au fil de l’eau ». Une solution transversale pour répondre aux enjeux d’accompagnement des résidents

L’accueil et l’accompagnement des personnes âgées en Ehpad s’améliorent avec ces 4 systèmes d’informations, qui assurent à la fois un gain de temps et une gestion plus performante du quotidien au sein d’une structure. À cet effet, ces logiciels offrent des fonctionnalités complètes qui couvrent tous les métiers ainsi que la majorité des activités dans un Ehpad.

Tirant parti d’une base de données unique, l’outil développé par Malta Informatique prend par exemple en charge l’ensemble des processus lié à l’accueil et l’accompagnement d’un résident, de l’aspect administratif au traitement médical. Sur ce point en particulier, Grégoire de Rotalier indique d’ailleurs que ses « solutions offrent à la fois une très forte transversalité de l’information tout en proposant un accès intégré dans les modules métiers ».

En Ehpad, déployer un unique système d’informations accessible à tous les collaborateurs fluidifie l’accompagnement et le parcours de soins des personnes âgées. Jouant le rôle d’une véritable passerelle entre les différents services d’un établissement, ces logiciels ont la particularité d’être personnalisables selon les besoins des Ehpad. La gestion administrative des résidents, celle de l’agenda ou du planning du personnel sont autant de fonctionnalités disponibles sur ces systèmes d’information.

Medgicnet et Titan ont la particularité d’être modulaires, ils peuvent ainsi intégrer et gérer tout ou partie des activités des professionnels en Ehpad, du suivi global des résidents à la facturation ou la vérification des encaissements sans oublier la traçabilité des soins ou l’accompagnement de la personne âgée dans son projet de vie.

Le résident et son projet de vie au cœur des fonctionnalités

L’utilisation de ces systèmes d’informations s’avère la meilleure option pour optimiser l’accueil et l’accompagnement du résident âgé en Ehpad. Non seulement ces solutions informatiques offrent des fonctionnalités variées pour la prise en charge de toutes les activités en Ehpad, mais elles placent également le résident au cœur du dispositif.

Par exemple, le module appelé Titan Soin consacre une partie substantielle de ses fonctionnalités autour du dossier du résident et de son projet d’accompagnement.

En utilisant ce type de solution, les professionnels en Ehpad accèdent à différents volets, comme celui :

– du projet de vie, dans lequel sont renseignés les dé- tails sur l’évaluation à l’admission, l’histoire de vie de la personne accueillie, son état psychologique ou son projet d’animation ;
– du projet de soin, recueillant le plan de soin du résident ou les synthèses des soignants sur sa situation ; – du projet d’accompagnement, regroupant les objectifs co-définis par le patient et les professionnels de la structure, le suivi des actions associées ou encore la validation des référents. En Ehpad, l’ensemble du personnel profite d’un accès simplifié à ces solutions informatiques. Généralement, les utilisateurs peuvent utiliser un PC ou un terminal mobile pour se connecter à l’outil. Dans le cas de Titan, « toutes ses fonctionnalités sont accessibles sur ordinateur fixe mais aussi sur tablette Titan Nomade en mode connecté ou déconnecté », annonce Grégoire de Rotalier.

NETSoins – Teranga Software : « Une solution informatique qui s’adapte au Projet Personnalisé »

« Afin d’améliorer le module projet personnalisé de notre logiciel NETSoins, nous avons organisé le mardi 11 décembre 2018 un atelier avec nos utilisateurs sur le thème du projet personnalisé. Il me semblait donc plus pertinent d’attendre cet atelier avant de vous répondre afin de vous apporter une réponse la plus actualisée sur le sujet.

L’aspect innovant chez Teranga software réside dans notre approche, notre méthodologie pour construire nos roadmap de mise à jour. Nous prenons le temps d’écouter et d’échanger avec des experts métiers pour répondre au mieux aux besoins et aux attentes du terrain. Nous souhaitons que nos utilisateurs passent un maximum de temps auprès des résidents et peu de temps sur nos solutions. En ce sens, nous leur proposons sept événements clients par an (groupe et indépendant).

Pour répondre à votre question, Il faut revaloriser la place centrale qu’occupe le résident dans la construction d’un projet personnalisé. Être à l’écoute du résident permettra d’élaborer un projet au plus proche de ses attentes.

Pour ce faire la première étape de travail autour de NETSoins sera de mettre à jour toute la partie recueil de données. Histoire de vie, Motricité, lever / coucher, Hygiène corporelle… les préférences et les habitudes du résident sont d’une grande importance. Ses centres d’intérêt ainsi que ses souhaits et attentes seront mis en avant afin d’apporter de la cohérence avec les activités et le projet qui lui seront proposés.

La construction du projet avec le résident évolue tout au long de son séjour au sein d’un établissement. L’im- portant c’est d’apporter de la visibilité au résident et à ses proches sur ses réussites et que l’équipe de soins soit en capacité de réévaluer en permanence le ou les projets en cours. NETSoins permet de définir des objectifs et de les évaluer.

Des indicateurs qualités sont également disponibles sur la saisie des projets en cours (Nombre moyen de projets par résident, Nombre de résidents ayant un projet 6 mois après leur entrée, Nombre de résidents ayant au moins un projet en cours). »

Élodie Miramon, Chef de produit NETSoins chez Teranga Software.

 

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