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Ouvrir l’établissement sur l’extérieur, une aubaine à cultiver

Ancrer l’établissement dans la cité présente de nombreux avantages. D’abord, une meilleure qualité de vie et des relations sociales des résidents. Mais aussi une meilleure perception de la structure par le grand public.

L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a une double mission à remplir : être un lieu de soins mais également – et avant tout ? – un lieu de vie pour les résidents. C’est dans cette perspective que l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) a émis des recommandations de bonnes pratiques concernant « l’ouverture à et sur l’environnement ». Que faut-il entendre par ouverture ? « D’une part, faciliter la venue à l’intérieur de l’établissement : des familles, des bénévoles, des partenaires, des visiteurs… L’établissement est alors une ressource pour l’environnement. D’autre part, aller vers l’extérieur de l’établissement afin d’intégrer les personnes accueillies dans la ville ou le village, sensibiliser cet environnement social à l’accueil des personnes et créer les conditions d’un enrichissement mutuel. L’établissement s’appuie sur les ressources de l’environnement », précise l’Agence. Les avantages sont nombreux pour la structure. En premier lieu, le maintien du rôle social des résidents dans la cité et de leurs liens avec leur environnement habituel (les commerçants, les associations, les loisirs). Ensuite, améliorer la perception de l’établissement par le grand public, la population locale et les familles. Enfin, mettre en valeur la qualité du travail des équipes et des prestations proposées aux résidents.

Impliquer les équipes

L’ouverture de l’établissement sur l’extérieur contribue activement à l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Selon l’Anesm, trois axes doivent être développés en ce sens : favoriser la participation des résidents à la vie de la cité (marché, courses, fêtes, animations culturelles, débats publics, réseaux de citoyenneté) ; établir des partenariats avec les associations de la cité, culturelles, sportives, établissements scolaires, etc. ; enfin, faire connaître l’établissement comme centre de ressources (emplois, repas, ouverture du jardin/parc, chapelle éventuellement accessible au public, location de salles à des fins culturelles et associatives).

L’implication du personnel de l’établissement dans cette politique d’ouverture sur la vie de la cité est indispensable. « L’ouverture peut offrir des opportunités tout à fait positives pour les professionnels : possibilités d’évolution vers des fonctions différentes ou nouvelles, accession à des responsabilités renforcées, variété plus grande des tâches, acquisition de nouvelles compétences, atténuation de l’usure professionnelle… Sur un plan collectif, l’ouverture peut avoir des effets dans le sens d’une plus grande maturité des équipes et donner aux professionnels davantage d’aisance dans la prise de parole en fournissant des occasions à l’extérieur de présenter les situations ou les pratiques », argumente l’Anesm.

Francine Lagrimont


 

Michel Sider « Un moyen de lutter contre la démission
chez la personne âgée »

Le président de l’Institut de recherche et développement social, culturel et économique en gérontologie explique l’intérêt qu’il y a pour un Ehpad à ne pas fonctionner un vase clos.

Ehpad Magazine : Comment un Ehpad doit-il envisager sa stratégie d’ouverture sur l’extérieur ?

Michel Sider : Un Ehpad vit dans un environnement politique, économique, social et culturel dont les aspects interdépendants s’influencent mutuellement. C’est dans ces aspects que se trouvent les principaux obstacles à l’ouverture sur l’extérieur. D’ailleurs, les motivations qui conduisent les promoteurs de toutes sortes à créer un établissement portent déjà en elles les conditions de la réussite de cette ouverture. On peut dénombrer de nombreux éléments qui favorisent ou non l’ouverture sur l’extérieur : la taille, la structure architecturale, le statut juridique de l’entité gestionnaire, le contenu du projet d’établissement, l’implantation géographique, les services de proximité, la compétence et les qualités humaines des membres du conseil d’administration, de la direction ainsi que des membres du personnel de l’établissement, le coût des prestations, la politique d’admission, l’équilibre entre résidents valides et dépendants, le voisinage, la possibilité matérielle de recevoir des invités, le budget animation, le renom de la structure, le projet de vie et de soins, etc. En quoi l’ouverture de l’établissement sur l’extérieur peut-elle participer à la vie sociale de son environnement mais aussi lui apporter et recevoir ses richesses dans toutes les dimensions de citoyenneté et de solidarité ? Telle est la question à se poser.

E. M. : L’Anesm a émis des recommandations de bonnes pratiques concernant l’ouverture sur l’extérieur des établissements médico-sociaux. Selon vous, est-ce vraiment une nécessité ?

M. S. : Cet organisme est de bon conseil. L’ouverture de l’établissement sur l’extérieur est un moyen de lutter contre l’idée que l’entrée en collectivité est toujours fondée sur une motivation négative. C’est également lutter contre la démission chez la personne âgée pour qu’elle reste en relation avec le monde extérieur alors qu’elle ne sort plus et demeure repliée sur elle-même. Enfin, c’est lutter contre le processus d’irréversibilité, naturelle cependant au stade du long séjour, qui s’apparente à un constat d’échec aux yeux des résidents, des familles et même, quelques fois, du corps médical. Dans ses recommandations, l’Anesm précise d’ailleurs que « ensemble des actions d’ouverture sur l’extérieur dont il est question nécessite toujours l’accord des usagers afin de respecter leur droit à l’anonymat, la discrétion et la confidentialité ». Il faut comprendre, ici, non seulement l’accord des résidents – qui ne peuvent pas toujours s’exprimer – mais aussi, en cas d’incapacité, celui des familles concernées. Tous les représentants des familles au Conseil de la vie sociale ne sauraient décider à leur place.

E. M. : L’ouverture sur l’extérieur peut-elle devenir plus une contrainte qu’un avantage ?

M. S. : Dans les établissements catalogués « social triste prédominant », c’est plutôt une contrainte. Mais cela peut être un avantage s’il y a une réelle volonté et une possibilité de changement des manières de voir, de faire et de se conduire. Les gens à l’extérieur sont prêts à apporter leur concours dans cet état d’esprit. Ensuite, il faut une stratégie d’apprivoisement et une forte implication dans l’environnement.

Propos recueillis par F. L.

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