A la une

Un défi organisationnel hautement humain Non classé


Toujours replacer la personne au centre de la réflexion

Le Docteur Linda Benattar, Directrice médicale d’Orpéa, plaide en faveur d’une utilisation de la technologie qui respecte les droits fondamentaux des résidents.

En matière de santé, jusqu’où intégrer la technologie sans menacer le libre arbitre des résidents ?

Docteur Linda Benattar : En ce qui concerne les nouvelles technologies du soin par exemple, nous avons mis en place un système de recueil de données dans les chambres des résidents. Les professionnels y renseignent directement le dossier médical par voie informatique. Cela fait gagner trente-cinq minutes de temps de transcription par jour et par résident ! C’est autant de temps à consacrer aux rapports humains au bénéfice du résident. En outre, ce système permet aux soignants de prodiguer des soins de meilleure qualité en facilitant la communication interprofessionnelle et la traçabilité. Mais, si cela permet de gagner en efficacité, il reste fondamental de laisser au résident le libre choix d’être surveillé de plus ou moins près. Il faut sans cesse se placer dans une dimension éthique : jusqu’où peut-on aller dans l’accompagnement ? Il faut d’ailleurs bien souvent amener les familles elles-mêmes à se poser ce questionnement : en effet, quand elles confient leur proche à un établissement, elles culpabilisent. Envahies par l’angoisse et la crainte, elles peuvent formuler des demandes de surveillance dont elles ne mesurent pas forcément la portée. Nous devons donc sans cesse replacer la personne au centre de la réflexion pour lui laisser une vraie liberté de choix et d’action. Chacun doit pouvoir faire part de son maximum acceptable.

« Laisser le résident le libre choix d’être surveillé
de plus ou moins près. »

Où en est le développement de la télémédecine dans vos Ehpad ?

Dr L. B. : Nous menons un projet de télémédecine en Île-de-France. Nous y avons mis en place des téléconsultations et une prise en charge des urgences. Cela a été bien accueilli, notamment par les familles que nous avons rencontrées. En effet, la télémédecine donne accès à des soins auxquels les résidents n’ont pas aisément accès d’habitude : pouvoir avoir un avis médical même la nuit, pouvoir agir plus rapidement, éviter des transports inopinés… De même, la télémédecine permet de proposer plus aisément des consultations spécialisées, en particulier en psychiatrie ou en cardiologie. Là encore, c’est très rassurant car il y a une vraie équipe pluridisciplinaire de l’autre côté de l’écran. Tous – équipes, conjoints âgés, proches – peuvent poser des questions et cela les sécurise. Par exemple, en cas de doute concernant la prise de médicaments, une réponse est apportée rapidement. Indéniablement, les soins gagnent en qualité.

Mais comment rassurer les résidents et les familles quant à la confidentialité des données de santé avec cette nouvelle approche de la médecine ?

Dr L. B. : La télémédecine ne peut de toute façon passer que par un circuit extrêmement sécurisé qui respecte entièrement le secret médical. D’une part, le médecin qui intervient par le biais de la télémédecine ne peut avoir accès au dossier de liaison unique et au dossier d’urgence (lire la fiche « Travailler avec le Dossier résident informatisé ») qu’avec les accords explicites du patient et du médecin traitant. D’autre part, les consultations spécialisées sont ordonnées par le médecin traitant et lui seul. En télémédecine, le patient et son médecin traitant sont plus que jamais au centre du parcours de soins. Il est d’ailleurs absolument nécessaire de bien l’expliquer aux résidents et à leurs proches.

 

En 2014, l’essor de la télémédecine s’accélère

Conformément à l’article 36 de la Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2014, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Direction de la Sécurité sociale (DSS) ont lancé un appel à candidatures à destination des Agences régionales de santé (ARS) qui souhaiteraient devenir pilotes en matière d’expérimentations de télémédecine. Ces dernières porteront sur des « actes de télémédecine pour des patients pris en charge d’une part, en médecine de ville et d’autre part, en structures médico-sociales ». En ce qui concerne ces dernières, le test portera sur les actes de téléconsultation, de télé-expertise (toutes spécialités confondues à l’exception du dépistage de la rétinopathie diabétique et de la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque hors télésurveillance des dispositifs médicaux implantables), de l’insuffisance rénale, du diabète, de l’hypertension artérielle et des affections respiratoires. Les régions pilotes choisies seront connues fin mars et s’engageront pour une durée de quatre ans.

Pour plus d’informations : http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2014/01/cir_37846.pdf

 

Laisser un commentaire