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Vanessa Monottoli Non classé

 

« L’Ehpad n’est pas un lieu de fin de vie
mais un lieu de vie tout court. »

Les personnes âgées, des gens vrais, reconnaissants et qui savent dire merci

Psychologue de formation, Vanessa Monottoli dirige l’Acep Ehpad (77) en veillant à inclure en permanence une bonne dose d’humanisme dans l’exercice de ses fonctions de gestionnaire.

Pour elle, tout a commencé sur les bancs du lycée. « La philosophie et la psychologie m’ont tout de suite intéressée, tout simplement parce que j’étais attirée par les questions existentielles. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Tout cela m’intriguait. » Pourtant, Vanessa Monottoli fut orientée vers un bac G3 commerce pas vraiment dans la lignée de ses aspirations. Qu’importe, une fois celui-ci obtenu, elle rattrapa le temps perdu en devenant multidiplômée universitaire : maîtrise de Santé, DU de Psychologie projective, diplôme de graphologue et surtout, DESS de Psycho-gérontologie décroché en 1998. Une spécialisation fruit à la fois d’un choix par élimination et d’une sensibilisation aux problématiques du Troisième âge : « Les enfants, cela m’ennuyait quelque peu tandis que les adultes, on les côtoie au quotidien. En revanche, avec les personnes âgées, les masques tombent. On ne peut pas jouer avec elles. Elles disent ce qu’elles ressentent sans fard, il n’y a pas de faux-semblant. Ce sont des gens vrais qui sont reconnaissants et qui savent dire merci. Et puis la problématique de la fin de vie m’a toujours interpellée. En fait, accompagner quelqu’un d’âgé vers la mort m’a très vite paru normal, comme si c’était dans l’ordre des choses. C’est pourquoi, cela ne génère pas chez moi de colère intérieure. »

Entretenir la mémoire ludique et la mémoire archaïque

Une perception extrêmement réfléchie, forgée durant un cursus loin d’être exclusivement théorique. Parallèlement à ses cours, Vanessa Monottoli a en effet officié comme aide-soignante dans une maison de retraite à Ambilly (95). Un job d’étudiant, au départ destiné à mettre un peu de beurre dans les épinards mais qui est rapidement devenu le meilleur moyen de se familiariser avec l’univers du Troisième âge. D’autant que, heureux hasard, la directrice-adjointe de l’établissement était elle-même psychologue. Ce vécu professionnel précoce a ensuite permis à Vanessa Monottoli de non seulement effectuer des stages extrêmement enrichissants, en particulier à l’hôpital de long séjour gérontologique Fernand Vidal à Paris, mais également de décocher un emploi une fois ses études achevées. Elle fut en effet embauchée, en 1998, en tant que psychologue au sein de deux Ehpad privés lucratifs à Pontault-Combault (77) et à Quincy-sous-Sénart (91), la directrice de ces établissements étant quelque peu visionnaire puisqu’à l’époque, la loi qui oblige aujourd’hui les directeurs à recruter des psychologues pour venir en aide aux résidents n’était pas encore d’actualité.

Dès son entrée en fonction, Vanessa Monottoli mit en place un programme d’animation et de suivi des pensionnaires destiné à entretenir la mémoire ludique, qui concourt à la valorisation de la personne âgée, mais aussi la mémoire archaïque, autrement dit, celle des cinq sens. Exemple : « Dire à une personne atteinte d’une maladie neurodégénérative : « Venez manger », ne lui parle pas forcément. En revanche, si elle sent l’odeur d’un plat qu’elle connaît, elle se dirigera plus spontanément vers la salle à manger. » Profitant de l’opportunité d’évoluer au sein d’établissements de petite taille, Vanessa Monottoli acquit des compétences administratives et instaura une démarche qualité une fois devenue directrice adjointe de la structure. Même en matière de management, l’approche psychologique a toujours été de mise : « J’aime fédérer et travailler en groupe car pour que les gens croient en quelque chose, il faut qu’ils en soient acteurs, quitte à les former. »

« On reconstruit à l’opposé de ce qui se fait »

Au fil des années, l’envie de prendre véritablement son envol en ayant davantage de marge de manœuvre devint de plus en plus prégnante. Après avoir décroché un diplôme de management hospitalier à l’Essec en 2000, sésame nécessaire et préalable indispensable à de telles ambitions, elle devint directrice adjointe  de l’Ehpad de Quincy-sous-Sénart. La conclusion, en avril 2004, de la première convention tripartite fut l’occasion de boucler la boucle et de se lancer dans un autre projet avec davantage de latitude, en l’occurrence en prenant la tête, en septembre 2004, de l’association de type loi de 1901 Acep (Association pour la création d’équipements pilotes) : « J’ai enfin eu les coudées franches et pu faire les choix stratégiques que je souhaitais afin de mettre en œuvre ma philosophie de prise en charge des personnes âgés. À mes yeux, l’Ehpad n’est pas un lieu de fin de vie mais un lieu de vie tout court. Le fait qu’il s’agisse d’un établissement non lucratif correspondait à mon éthique. A l’époque, l’association n’était pas florissante. Il a donc fallu la repositionner en modifiant à la fois ses activités et la façon de travailler des personnels. »

À l’origine, l’ensemble comprenait notamment un Ehpad et un établissement de long séjour sanitaire. Vanessa Monottoli profita de la convention tripartite signée début 2008 pour négocier habilement avec l’ARS et le Conseil général la fusion des deux entités tout en permettant à la nouvelle mouture de bénéficier, par le bais d’une extension des moyens déjà en place, d’une médicalisation conséquente avec notamment des médecins salariés et des infirmiers de nuit, sans compter la généralisation des soins de suite. « J’ai vendu un projet de vie et de prise en charge », sourit Vanessa Monottoli.

Outre ce dispositif logistique renforcé, l’Ehpad est actuellement en passe d’être réunifié architecturalement par le biais d’une passerelle. Le chantier en vaut la chandelle. Par-delà la mise au norme des logements, il se veut extrêmement novateur : « On reconstruit à l’opposé de ce qui se fait généralement. Non seulement les chambres seront grandes puisqu’elles feront toutes entre 23 et 28 m2 mais chaque pièce aura une affectation permanente et sera en libre accès. Cela permettra aux résidents déficients de mieux se repérer et d’être à leur aise. La salle de restauration ne sera par exemple pas transformée en salle d’animation une fois le repas fini. De même, les lieux auxquels les pensionnaires n’auront pas accès ne se verront pas. » Une manière de faire en sorte qu’ils se sentent véritablement chez eux. Sans interdit.

Alexandre Terrini

 

L’Acep, un trois en un

L’Acep Ehpad, situé en Seine-et-Marne, fait partie d’un ensemble plus vaste qui comprend également un accueil de jour de 10 places à l’intention des malades Alzheimer ainsi qu’un Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) de 55 places.

Établissement privé à but non lucratif, l’Ehpad est habilité à l’aide sociale. Actuellement pourvu de 185 places, il en comptera 193 (dont 123 réservés aux malades Alzheimer) lorsque les travaux de rénovation et de reconfiguration seront achevés et continuera de s’adresser majoritairement aux personnes âgées atteintes de maladies neurodégénératives. D’où des personnels de soins nombreux dont certains sont présents sur place jour et nuit. Le tarif journalier d’hébergement, tant en chambre simple que double, est au minimum de 70,11 euros.

10 rue Joseph Bodin de Boismortier, 77680 Roissy-en-Brie.

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