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AES : conseils de prévention pour l’usage d’aiguilles sécurisées, de cathéters etc. Non classé

AES

AESLa prévention des Accidents d’exposition au sang (AES) sont de la responsabilité de l’établissement et de son directeur. Elle passe par l’information et la formation permanente des personnels potentiellement exposés. Même si les dispositifs progressent en matière de prévention, ils ne dispensent pas de s’y former. Illustration et conseils pour l’usage d’aiguilles sécurisées, de cathéters etc. utilisés dans le cadre d’injections sur Chambre à cathéter implantable (CCI). 

 

 

Les Chambres à cathéter implantables (CCI) sont des dispositifs d’accès veineux de longue durée situés directement sous la peau. Elles sont indiquées en cas de chimiothérapie anticancéreuse, de transfusions répétées mais aussi d’antibiothérapie de longue durée. « Le risque d’AES lié à ces CCI n’existe pas tant lors de la pose que lors du retrait de l’aiguille utilisée, par exemple lors de l’injection de médicaments, et ce, du fait de l’effet rebond », rappelle Odile Albert, infirmière au sein de l’unité douleur de l’hôpital Saint-Louis à Paris et membre du groupe d’experts ayant élaboré en mars 2012 une série de recommandations sur la « Prévention des infections associées aux chambres à cathéter implantables pour accès veineux » (voir encadré). Elle suggère donc, conformément à ces recommandations, de recourir à des aiguilles sécurisées et, à défaut, « d’utiliser un accessoire de protection de la main pour le retrait de l’aiguille » de type pince-aiguille, doigtier ou orthèse protège-main, par exemple. Sachant que des sets prêts à l’emploi, pris en charge par l’Assurance maladie, tels que des sets de pose et de rinçage ou d’héparinisation pour chambre implantable incluent aujourd’hui des aiguilles de Huber sécurisées.

 

Les progrès du matériel ne font pas tout

« De nouveaux outils et de nouvelles techniques ont vu le jour et même si le risque zéro n’existe pas, le risque peut aujourd’hui être réduit de manière ostensible », estime Gilles, un infirmier exerçant en Seine-et-Marne. De fait, les auteurs de la « Prévention » de mars 2012 précisent que, pour retirer l’aiguille, « l’opérateur réalise une désinfection des mains par friction. Il porte un masque de type chirurgical et des gants de protection non stériles pour le retrait de l’aiguille. Le patient porte un masque de type chirurgical. S’il ne supporte pas le port du masque, on lui demandera de tourner la tête du côté opposé à la CCI. » Ensuite, « la CCI doit être rincée avant le retrait de l’aiguille, le retrait se fait tout en exerçant une pression positive. Après le retrait de l’aiguille, le point de ponction est comprimé légèrement à l’aide d’une compresse stérile imprégnée d’antiseptique. »


Formations et ateliers pratiques

Rien ne vaut, par ailleurs, la mise à jour des connaissances et des pratiques en matière de pression positive, de rinçage de cathéter ou d’usage d’aiguilles sécurisées. En effet, de telles aiguilles mal utilisées présentent autant de risque d’AES que des aiguilles non sécurisées. Ces mises à jour de compétences peuvent s’effectuer dans le cadre du Développement personnel continu (DPC) ou auprès des fournisseurs de dispositifs médicaux. « Nous faisons le maximum pour former les infirmiers à l’utilisation de nos sets pour chambres implantables, assure Marie-Christine Vanbersel, chef de produits au sein du Laboratoire Hartmann France. Ainsi, nous organisons régulièrement dans toute la France des ateliers soins-services, c’est-à-dire des ateliers de formation de deux heures, souvent le midi ou le soir, sur différents thèmes dont la liste est disponible sur notre site Internet (www.hartmann.fr). Ils sont gratuits et comportent une courte partie théorique suivie d’une partie pratique. »


Vigilance sur  l’environnement du soin

« Il faut également bien distinguer le geste pratique et technique du soin lui-même, estime un infirmier. Il est indispensable de se projeter dans la globalité du soin, de s’adapter aux conditions du soin dans la chambre de la personne âgée pour organiser l’intervention de manière logique et cohérente. » Un résident bien installé, une fenêtre fermée pour limiter les bruits perturbateurs venant de l’extérieur, une porte fermée pour éviter toute intrusion pouvant venir gêner le soin… : certains détails peuvent en effet faire la différence et limiter les risques d’accidents types AES. « Enfin, il faut s’assurer d’avoir à disposition tous les outils nécessaires à une bonne hygiène et une bonne asepsie, avec des conteneurs sécurisés pour les aiguilles usagées ainsi qu’un cycle de ramassage des déchets souillés qui réponde aux normes imposées par l’État », souligne Gilles.  

Nathalie Ratel

 




Rappels


> Les soignants salariés doivent signaler « immédiatement » tout accident ou incident causé par des objets tranchants en vue d’une prise en charge médicale précoce. « La mise en place d’une culture de la sécurité permet de limiter le phénomène de sous-déclaration en poussant davantage d’infirmiers et de médecins à déclarer les accidents ou incidents », souligne la Direction générale du Travail (DGT). Pour plus de détails sur les obligations incombant aux soignants salariés et à leurs employeurs, il convient de consulter le décret du 9 juillet 2013 relatif à la protection contre les risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d’être en contact avec des objets perforants ainsi que l’arrêté du 10 juillet 2013 relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d’être en contact avec des objets perforants.

 

> Une étude du Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants (Geres) réalisée en 2010 auprès d’Ehpad a relevé que si « les solutions hydro-alcooliques sont disponibles » et « le matériel de sécurité est le plus souvent présent », il n’y a, en revanche, « pas de kit AES ni de test rapide VIH disponibles » dans les Ehpad. Si ni l’un ni l’autre ne sont obligatoires, ils sont vivement recommandés. « Même si le risque d’AES est faible, il ne peut être négligé dans ces structures qui accueillent des patients de plus en plus dépendants en soins », conclut le Geres tout en précisant que, bien entendu, « le circuit de prise en charge des AES doit être revu en tenant compte des particularités de l’organisation des Ehpad ».



 

 


 

Pour aller plus loin

 

> Recommandations professionnelles sur la « Prévention des infections associées aux chambres à cathéter implantables pour accès veineux », éditées en mars 2012, formalisées  par un groupe de travail pluridisciplinaire composé d’experts et de professionnels de santé hospitaliers et libéraux et promues par la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H).


> « Recommandations pour la bonne utilisation des Chambres a cathéter implantables (CCI) – Manipulations, entretien, complications »,
janvier 2014, rédigées notamment par les Centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CCLIN) de la région Paris-Nord et de la région Sud-Ouest et consultable sur Internet
(http://fmcevent.com/fnitv/Medias/Autres/CCI_3volets_2014_V06.pdf)


> « Maîtrise du risque infectieux  en Ehpad – Manuel d’auto-évaluation», contribution du Groupe d’évaluation des pratiques en hygiène hospitalière (GREPHH) dans le cadre du programme national de prévention des infections dans le secteur médico-social. Un guide disponible sur le site du ministère de la Santé (www.snte.gouv.fr). 



 

 

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