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Iatrogénie médicamenteuse Au quotidien

Prévenir par la coordination


  Dans certaines structures, deux infirmières doivent
  gérer 600 comprimés par jour.

Plus de 20 % des hospitalisations chez les octogénaires sont dues à des interactions médicamenteuses. Un risque prévisible et évitable si tous les acteurs de la distribution des médicaments aux résidents sont sensibilisés.

Tout médicament peut générer des effets indésirables. Ceux-ci peuvent provenir du médicament lui-même, de son association avec un autre médicament, de son incompatibilité avec le malade ou d’une erreur de prise. C’est ce qu’on appelle l’iatrogénie (ou, également, iatrogénèse) médicamenteuse. Des études ont montré que les effets indésirables médicamenteux sont deux fois plus fréquents chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Par ailleurs, 20 % des hospitalisations des octogénaires sont dues à des interactions médicamenteuses. Cependant, 30 à 60 % des effets indésirables des médicaments sont prévisibles et évitables. « Ils sont le plus souvent la conséquence d’une erreur thérapeutique (mauvaise indication, non-respect des contre-indications, posologie excessive ou traitement trop prolongé), d’une mauvaise observance du traitement ou d’une automédication inappropriée chez des patients polymédiqués, âgés et “fragiles” », soulignait, dès 2005, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).

Prise de conscience

« Au travers de l’amélioration de la qualité du circuit du médicament, depuis sa prescription jusqu’à son administration, il y a une prise de conscience chez les professionnels de l’importance de ce problème de santé publique. Cependant, des facteurs de risque demeurent dans les établissements pour personnes âgées dépendantes. Le temps infirmier en Ehpad n’est pas suffisant. Dans certaines structures, deux infirmières vont devoir gérer 600 comprimés par jour. Par ailleurs, le conditionnement primaire unitaire (c’est-à-dire le fait que le nom du médicament figure sur chaque substance ingérée, N.D.L.R.) existe dans le secteur sanitaire mais pas dans le secteur médico-social », explique le docteur François Bertin-Hugault, directeur médical du groupe Korian (premier groupe privé français, spécialisé dans la prise en charge de la dépendance). La loi de financement de la Sécurité sociale de 2009 considère qu’il est possible de limiter le risque iatrogène en coordonnant l’action des professionnels de santé autour du résident, tout en régulant la consommation de médicaments. Pour ce faire, elle mise sur une réintégration du budget médicaments dans le forfait soins des Ehpad ne disposant pas de Pharmacie à usage intérieur (PUI) ou qui ne sont pas membres d’un Groupement de coopération sanitaire (GCS). Des expérimentations relatives aux dépenses en médicaments et à leur prise en charge seront en outre menées dans des établissements jusqu’en 2013.

Françine Lagrimont

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