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Bientôt un Ehpad d’un nouveau genre à Versailles Non classé

Corrine Bébin : « Ce projet de territoire associe
divers partenaires mocaux et a vocation à s’adapter
à l’évolution des besoins. »

La Mairie de Versailles a lancé, à l’horizon 2017, une plate-forme de services de soins pour personnes âgées dépendantes novatrice tant par son financement que par son implantation territoriale et la complémentarité de ses prestations. Avec, à la clef, un Ehpad au statut inédit.

Tout a commencé très classiquement par la nécessité de rénover un Ehpad, en l’occurrence l’Ehpad public Lépine-Providence sis dans le quartier des Chantiers à Versailles et géré par le Centre communal d’action sociale (CCAS). A l’origine, le chantier était limité à l’établissement. Il s’agissait de réunir les deux bâtiments en une seule entité. Mais la réalité démographique a incité les édiles à voir plus loin. En effet, entre 2009 et 2030, la population versaillaise de +60 ans est appelée à augmenter de 50 % tandis qu’en 2050, environ 10 % des +65 ans seront probablement touchés par des pathologies du type Alzheimer. Sans compter la volonté très fortement exprimée par les administrés de vieillir dans leur environnement, a fortiori dans une ville où le cadre et la qualité de vie sont appréciables.

À l’heure de réviser sa copie de manière plus ambitieuse, la Municipalité a logiquement consulté les partenaires avec lesquels elle collabore de manière fructueuse depuis plusieurs années, notamment l’hôpital Mignot, les cliniques de la Porte verte et des Franciscaines ou encore la Maison de santé Claire Demeure. Tous sont tombés d’accord sur la pertinence de s’unir pour créer une véritable filière gérontologique en s’appuyant également sur le SSIAD, lui aussi géré par le CCAS. En d’autres termes, de donner naissance à une interface qui allierait l’accueil et l’hébergement de résidents en perte de repères mais aussi des services de soins à domicile étoffés et coordonnés. Et ce, afin de garantir une sorte de continuum entre le domicile, l’établissement et l’hôpital.

Un tarif d’hébergement quotidien maîtrisé

Avec, à la clef, un ensemble revu et corrigé à la hausse puisqu’il comportera un Ehpad réhabilité de 112 places (dont 4 lits d’hébergement temporaire), un Pôle d’activités et de soins adaptés (Pasa) de 14 places, un accueil de jour de 12 places et un SSIAD de 160 places dont 10 réservées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Mais ce n’est pas tout car la spécificité de cette infrastructure résidera dans son ouverture et son imbrication dans la cité afin de favoriser le mélange intergénérationnel et la préservation des facultés de personnes âgées. C’est pourquoi, outre la présence à proximité d’une crèche et d’un stade, elle comprendra, sur un espace de 8 000 mètres carrés, un jardin paysagé thérapeutique favorisant la psychomotricité mais aussi la remobilisation mnésique, une salle de spectacle polyvalente ainsi qu’un restaurant. Les promoteurs du projet entendent quant à eux développer une politique de soins non médicamenteux à l’intention des malades Alzheimer tout en garantissant un tarif d’hébergement quotidien maîtrisé ne dépassant pas 70 euros. « Et ce, même si l’évolution des besoins nous conduit par la suite à développer des services complémentaires, précise Corinne Bebin, adjointe au Maire de Versailles en charge des Affaires sociales. Nous voulons mettre en place un business plan sécurisé afin que le prix à la journée ne soit pas impacté. »

Le coût du chantier s’élève à 15 millions d’euros avec un financement savamment ventilé : 25 % de fonds propres, 20 % de subventions publiques et 55 % sous forme d’emprunt. Pour réunir les fonds, superviser les travaux et assurer la gouvernance de l’ensemble une fois achevé, une entité juridique unique en France dans le secteur médico-social a été créée : une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) caractérisée par un multisociétariat qui réunit des acteurs territoriaux et dont les deux principaux actionnaires sont, ici, le CCAS de Versailles qui s’est associé pour la circonstance à Entreprendre pour humaniser la dépendance (EHD), émanation de la Fondation Habitat et humanisme, spécialisée notamment dans la dimension foncière et dans la gestion des établissements médicaux-sociaux.

« Avec ce modèle coopératif, nous sommes des précurseurs »

Sollicités en tant que tutelles et financeurs, l’ARS et Conseil général « nous ont suivis dès que nous leur avons parlé de notre projet de territoire qui associe divers partenaires locaux, en particulier les libéraux, et a vocation à s’adapter à l’évolution des besoins du futur, explique Corinne Bebin. L’ARS et le Conseil général ont conscience qu’avec ce modèle coopératif – des coopérations qu’ils souhaitent voir mises en place – nous sommes des précurseurs. C’est pourquoi ils nous ont confirmé que leurs soutiens financiers accompagneraient cette dynamique. »

Les professionnels de santé libéraux ont bien sûr vocation à être intégrés à la future plate-forme selon des modalités qui restent à définir. Ainsi, les pharmaciens ont-ils été identifiés par la Mairie, au même titre que les boulangers, comme les personnes-ressources susceptibles de signaler si des personnes âgées ont besoin d’un accompagnement renforcé. Et ce par le biais d’un numéro de téléphone dédié activé par la Ville. « Nous aimerions créer une dynamique de coopération avec l’ensemble des pharmaciens du territoire. La future plate-forme donnera lieu à des échanges sur ces sujets », assure Corinne Bebin. Outre l’exercice au quotidien, il est question que le gérontopole soit également un lieu de stage et de recherche. « Nous avons déjà été sollicités par des écoles notamment d’infirmiers qui se sont montrées intéressées, confirme Corinne Bebin. En ce qui nous concerne, nous sommes ouverts à toute coopération avec des établissements de formation et de recherche sur des problématiques liées à l’accompagnement de la dépendance. Plus largement, nous attirons des partenaires désireux de collaborer avec nous. Nous sommes prêts à discuter avec eux de leur apport. » Peut-être les URPS participeront-elles au projet à l’instigation de leurs adhérents, lesquels sont les opérateurs de cette dynamique. 

Alexandre Terrini

 

Une Scic, c’est quoi ?

Une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est une structure juridique de droit privé qui fait appel, pour son financement, à l’économie solidaire. En effet, ceux qui participent à son capital, qu’il s’agisse de personnes morales de droit public ou privé (hôpitaux, autres Ehpad etc.) ou de simples particuliers (qui bénéficient alors de mesures de défiscalisation), voient leur capital garanti mais pas rémunéré. Toute dimension spéculative est donc exclue. Les personnels de la future plate-forme et même les familles des résidents peuvent notamment en être actionnaires. 50 % du capital de la Scic sont détenus par le CCAS et EHD qui sont donc condamnés à s’entendre pour mener à bien leur initiative commune, ce dont ne doute pas Corinne Bebin : « Il n’y a pas de raison qu’il y ait des divergences car le projet est innovant et a pour but de satisfaire l’intérêt général en répondant aux besoins. » Soit.

Le conseil d’administration de la Scic en assure donc la gouvernance. C’est lui qui désignera les responsables de différentes entités de la future plate-forme. Il est composé de représentants du CCAS, d’EHD ou encore du président du CVS de l’Ehpad Lépine-Providence, lequel aura à l’avenir un statut hybride, à la fois public et privé.

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