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La chambre, lieu de vie et lieu de travail Non classé

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photopage22Offrir un lieu de vie agréable et des soins de qualité aux résidents reste l’objectif premier d’un Ehpad. Mais, pour l’atteindre, les salariés doivent se sentir à leur aise sur leur lieu de travail. L’aménagement des chambres, en relation avec une organisation du travail adaptée, permet de tendre vers le bien-être des résidents et des salariés. 

Dans un Ehpad, la chambre est un lieu de vie pour les résidents mais aussi un poste de travail pour les soignants. On note dès le départ cette dualité qui oblige à faire des choix en tenant compte de  contraintes économiques.

La chambre doit répondre à trois objectifs :

assurer le bien-être des résidents et des soignants lors de la réalisation des soins ;

être d’un nettoyage aisé et faciliter la réfection 
des lits ;

permettre la mobilisation des résidents en perte d’autonomie à  l’aide de matériels fixes (rails au plafond) ou mobiles (lève-personne, verticalisateur).

Les Troubles musculosquelettiques (TMS) sont la première cause de maladie professionnelle dans le secteur médico-social. Ils sont souvent liés à la manutention  des résidents et les statistiques montrent que la chambre est le lieu où se produisent majoritairement les accidents du travail. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures de prévention pour le personnel soignant. Cela nécessite des équipements et des aménagements spécifiques.

L’espace de la chambre mais aussi de la salle de bain, aujourd’hui privative, doit permettre la giration du fauteuil roulant, la possibilité de relever
une personne tombée au sol, l’entrée d’un lit douche, la sortie du lit médicalisé sans en défaire les montants…

 

 

Un moment privilégié pour replacer le travail au cœur de l’activité

Le choix des matériaux, des meubles, des éléments de salle de bain et l’intégration des aides techniques vont assurer le bien-être des résidents et la prévention des risques professionnels pour les soignants. En l’occurrence :

Des revêtements de sol souples PVC antidérapants avec remontées en plinthes vont limiter la glissance des sols et  faciliter leur entretien.

pour la chambre, sol de catégorie R09 selon la norme DIN 51130 ;

pour la salle de bain, avec siphon intégré, sol de catégorie R11 selon la norme DIN 51130.

Des meubles qui vont jusqu’au plafond évitent d’avoir à faire la poussière au-dessus.

L’intégration de la domotique : des volets électriques évitent aux soignants d’avoir à tourner les manivelles.

 

La salle de bain pourra intégrer un lavabo moulé à hauteur variable avec accès pour le fauteuil roulant.

Le miroir sera orientable pour être utilisable par les résidents en fauteuil.

L’accessibilité des soignants dans la salle de bain est très importante : de chaque côté du fauteuil, devant le lavabo mais aussi de chaque côté du WC (cuvette décalée, suspendue avec poignées de maintien de chaque côté).

Dans l’aménagement de la chambre et de la salle de bain, il faut aussi prévoir l’accessibilité pour l’équipe de maintenance avec des portes de visite dans les couloirs.

La table de chevet et la commode seront fixées au mur, sans pied, pour faciliter le ménage.

Un support mural pourra permettre d’accrocher la canne, le sac et divers objets afin qu’ils ne soient pas posés au sol.

Plus généralement, l’ensemble de l’activité en Ehpad nécessite aussi d’avoir des lieux de stockage de matériels, des portes à ouverture automatique pour les personnes en fauteuil roulant, des équipements de domotique, des points d’eau pour l’entretien des locaux, des repères visuels pour les résidents ayant une altération de leurs facultés cognitives, des chambres spécifiques pour des personnes obèses, des accès facilités pour le personnel de maintenance…

 

 

Intégrer la prévention des risques professionnels en phase de conception

Concevoir ou rénover un établissement est un moment privilégié pour replacer le travail au cœur de l’activité et prévoir en amont des éléments techniques et organisationnels de prévention des risques professionnels. La difficulté, pour le maître d’ouvrage, va être d’intégrer, avec la participation du maître d’œuvre, une activité dans un bâtiment dans lequel vont se croiser des résidents, des soignants, des familles… Sans oublier le facteur économique qui impose souvent de faire des compromis.

 

 

Associer les salariés au projet

Par ailleurs il convient de prendre en compte des éléments esthétiques et architecturaux afin de réaliser un établissement qui s’avère accueillant pour le résident et sa famille mais qui permette aussi aux salariés de réaliser leurs activités de soins, de manutention et de déplacement des personnes, de ménage, de cuisine, de blanchisserie et d’administration dans les meilleures conditions. Cette prise en compte participera au bien-être des résidents et des soignants.

Le maître d’ouvrage (commanditaire) doit intégrer ces éléments dans son  cahier des charges. Il est fortement souhaitable que les salariés de l’établissement soient associés au projet. Par exemple, pour l’aménagement des chambres, des simulations à l’aide de dessins ou de maquettes permettent de valider les volumes et l’aménagement qui offriront des conditions optimales de vie et de travail.

L’intervention d’un programmiste, qui va apporter une assistance à la réalisation du cahier des charges, est vivement conseillée. Les espaces, les volumes, les circulations et les flux seront ainsi pris en compte pour que les salariés et les résidents apprécient leur lieu de travail et leur lieu de vie. Avec le concours du programmiste, le maître d’ouvrage proposera au maître d’œuvre (architecte) un document résumant les éléments architecturaux mais aussi techniques nécessaires à l’activité d’accompagnement des personnes âgées. Par exemple, la mise en place de rails au plafond pour la manutention de personnes, solution qui apparaît incontournable aujourd’hui au regard de l’accroissement de la dépendance des personnes âgées, nécessitera que le maître d’œuvre adapte la résistance des structures du bâtiment.

Intégrer la prévention des risques professionnels en phase de conception coûtera moins cher que de modifier l’existant. Cela pourra aussi limiter l’absentéisme pour cause d’accident du travail et de maladie professionnelle et donc les coûts directs et indirects qui y sont liés.

Les contrôleurs de sécurité et ingénieurs conseils de la Cramif (Caisse régionale d’Assurance maladie d’Île-de-France) et des Carsat (Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail) sont en mesure d’accompagner les établissements lors de cette étape de conception en les faisant bénéficier de leur expérience dans l’intégration de la prévention des risques professionnels.   

Christophe Bon, Contrôleur de sécurité, Cramif

 

 


 Un guide pour ne pas se tromper

Il est possible, sur le site de l’INRS (www.inrs.fr), de télécharger gratuitement la brochure ED6099 intitulée : “conception et rénovation des Ehpad. Bonnes pratiques de prévention”. Ce guide a pour objectif d’accompagner les différents acteurs d’un programme de conception, d’extension ou de rénovation d’un Ehpad en intégrant dès le départ des bonnes pratiques de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.


 

 

 

 

 

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